Publié le Jeudi 24 mai 2012 à 22h13.

Tribunes de débats après le CPN du NPA...

Tribune de la P1A : Avoir confiance dans notre projet

Une situation politique inédite s’ouvre après l’élection présidentielle marquée par le rejet de Sarkozy qui a porté Hollande au pouvoir. Alors que la crise de l’Europe des banques s’accentue tant sur le plan économique que politique et que progresse le populisme d’extrême droite, il est plus que jamais d’actualité de regrouper les anticapitalistes en toute indépendance de la gauche libérale et gouvernementale. C’est le projet du NPA. Contre la montée du populisme de droite et d’extrême droite que va nourrir l’adaptation passive de la gauche libérale aux exigences des grands groupes industriels et financiers nous nous adressons à toutes les forces (Front de gauche, Lutte ouvrière, Alternative libertaire...) pour construire une opposition de gauche contre les politiques d’austérité et les attaques du gouvernement Hollande tout en agissant pour l’unité la plus large pour les mobilisations.

Faire barrage à la droite et l’extrême droite, construire une opposition de gauche à la gauche libérale de gouvernement autour de l’urgence sociale et démocratique, c’est ce que nous défendons dans la campagne des législatives. Si la dynamique du Front de Gauche participe d’une politisation positive, ce mouvement politique ne correspond pas à l’opposition de gauche que nous voulons construire. Son orientation actuelle le situe en soutien à la majorité de Hollande, un pied dedans un pied dehors, que le PCF ait ou pas, après les législatives, un ministère. Pour permettre au NPA de participer à la bataille des législatives, le CPN a dû accepter un accord financier antidémocratique, imposé par les animateurs de la Gauche anticapitaliste. Ce mauvais compromis a un coût exorbitant, certes, mais bien moindre que si nous n’avions pas eu d’accord au lendemain du CPN pour mener la campagne des législatives.

L’attitude des animateurs de la GA qui n’ont, par ailleurs, quasiment pas participé au CPN si ce n’est le dimanche pour les votes, participe d’une démarche de rupture. Nous pensons qu’elle n’est pas partagée par toutes celles et tous ceux qui critiquent l’orientation actuelle du NPA. La direction de la GA craint manifestement le débat, son propre bilan. Nous poursuivons notre politique, mener la bataille des législatives tout en créant les conditions d’un débat démocratique en préparant la réunion nationale des comités début juillet pour que toutes celles et ceux qui partagent la conviction qu’il est indispensable de continuer d’œuvrer au regroupement des anticapitalistes puissent travailler ensemble et relancer le projet du NPA à travers la construction d’une opposition de gauche à Hollande.

Tribune de la P2 : Vers de nouvelles clarifications

Le CPN s’est déroulé dans une ambiance étrange, la quasi-intégralité des membres de la Gauche anticapitaliste organisant une réunion parallèle. Le CPN a commencé à travailler sur la construction d’une opposition de gauche au gouvernement. Pour s’opposer à ses inévitables mesures d’austérité, avec tous ceux qui souhaitent et sont favorables à la construction des mobilisations pour défendre les revendications des travailleurs. Actuellement, le Front de Gauche n’est même pas décidé à refuser de participer au gouvernement Hollande. Il vient de passer dix jours à essayer de trouver un accord électoral avec le PS. Mélenchon, en tête, vient de déclarer que jamais il ne voterait une motion de censure au gouvernement Hollande. Du côté directions syndicales, largement liées au Front de Gauche, c’est l’attentisme le plus total.

La direction de la Gauche anticapitaliste a choisi ce moment pour discuter de son entrée dans le Front de Gauche… Nous espérons que la plupart des camarades ayant sympathisé avec les propositions de la GA refuseront cette lente dérive vers l’abandon de la construction d’un parti anti­capitaliste indépendant, pour la transformation révolutionnaire de la société. Le NPA face à sa criseLes discussions du CPN sur les élections législatives ont été simples car elles s’inscrivent dans la continuité de la présidentielle : affirmer un programme de rupture avec le capitalisme, montrer que, face à Hollande, nous ne devons compter que sur nos propres forces. Mais, pour la suite, et nous avons commencé à le percevoir dans les débats de ce CPN, le NPA devra affronter les débats qu’il n’a pas toujours assumés jusqu’au bout depuis sa fondation, des débats pourtant décisifs pour le solidifier et l’orienter dans la nouvelle période ouverte par la victoire du PS.

Pour les camarades de la position 2, il est capital de travailler trois chantiers :• La distinction nette entre d’un côté l’unité d’action pour les droits des travailleurs et contre le gouvernement Hollande, unité qui doit être la plus large, et de l’autre côté la construction du parti, qui nécessite des discussions programmatiques approfondies. • Le contenu des discussions programmatiques et les débats qui peuvent exister avec d’autres courants anticapitalistes ou révolutionnaires.• La manière dont nous concevons la construction d’un parti tourné vers l’action et vers les mobilisations. Les discussions ne font que commencer, ce sera l’enjeu de la réunion nationale des 7 et 8 juillet, de l’Université d’été et bien sûr du congrès de décembre.

Armelle, Antoine, Marie-Hélène, JB, Jean-François, Mathilde, Gaël, membres P2 du CE

Tribune de la P4 : Combinons le combat pour l’unité dans les luttes et contre l’austérité de gauche avec la défense d’un programme clairement révolutionnaire !

Ce CPN a été marqué par la dilapidation d’une part considérable du patrimoine financier et immobilier du NPA en faveur de la direction du courant GA... au moment même où elle s’apprête à rejoindre le Front de gauche. Cela résulte d’un accord entre le centre de la direction (P1A) et les membres de la GA – qui ne sont venuEs au CPN qu’au moment des votes ! La P1A prétend qu’elle était obligée de céder au chantage de la GA pour que le NPA se présente aux législatives, mais elle a refusé d’étudier les autres possibilités de financement et on pouvait avoir moins de candidatEs. Sur ce point, nous avons fait front avec la plupart des camarades de la P2.

Sur les questions de fond, la résolution P1A/P2 reconnaît certes les « faiblesses » de notre campagne, en particulier sur la question du pouvoir, de l’Europe et de la perspective transitoire... mais il n’y a aucun réajustement. Nous avons proposé en vain l’objectif du gouvernement des travailleurs qui « répudierait la dette, exproprierait les banques, le secteur de l’énergie et d’autres groupes capitalistes pour en faire des monopoles publics et relancer la production sous le contrôle des travailleurs eux-mêmes ».

De plus, rien n’est dit sur la Grèce, ni sur l’euro et l’UE, alors qu’il faudrait les dénoncer tout en expliquant que la seule solution est de rompre avec le capitalisme par un programme révolutionnaire, incluant la rupture avec l’UE et sa monnaie, dans la perspective d’une Europe socialiste des travailleurs.

En revanche, nous avons contribué à mieux définir la campagne immédiate du parti : refusant tout « état de grâce » à Hollande, il s’agit d’œuvrer aux mobilisations et d’interpeller les organisations du mouvement ouvrier pour exiger l’abrogation des lois du sarkozysme, la non-ratification du traité européen imposant l’austérité permanente, l’unité de lutte contre les licenciements et pour l’augmentation des salaires.

Mais nous devons aussi défendre notre propre programme. Selon nous, il faut interpeller le FdG pour faire éclater les contradictions entre les aspirations de celles et ceux qui se tournent vers lui et l’impasse de son programme réformiste, de sa logique institutionnelle qui le conduira à soutenir la majorité parlementaire de Hollande et de son chauvinisme de gauche qui le fait couvrir l’impérialisme français.

La crise du NPA rend vitales les discussions programmatiques et stratégiques. Au moment où la majorité de direction se fissure après un an d’accord sans contenu, il faut lier la relance militante du parti à sa refondation clairement révolutionnaire.

Daniela, Ludivine, Ludovic, Marie, Vincent

Tribune de la Gauche anticapitaliste : Perseverare diabolicum

Du CPN, nous retenons qu’il en est sorti un accord financier voté très largement. C’est évidemment une très bonne nouvelle que nous soyons parvenus à sortir par le haut de cette affaire.

Depuis le début des discussions au sein du comité de suivi de la LCR, et tout au long des négociations nous n’avons pas dérogé à notre ligne de conduite: au caractère pluriel de la LCR devait correspondre un accord permettant de prendre en compte l’ensemble des traditions issues de la Ligue.

Les camarades de la P1A parce qu’il y avait l’urgence des législatives ont finalement accepté cette argumentation. À de rares exceptions près, la P2 a, en revanche, choisi de voter contre.

Du CPN, nous retenons aussi la faute politique majeure commise par une majorité de ses membres, celle de maintenir la candidature du NPA à Hénin-Beaumont. Au-delà de telle ou telle formule, c’est toute l’argumentation des camarades qui ne convient pas.

Elle est parfois indigente, lorsqu’il s’agit de justifier d’ajouter la division à la division au nom du 1% de Philippe Poutou à Hénin-Beaumont.

Elle est extrêmement inquiétante lorsqu’il s’agit de dire qu’au fond, avant de battre le fascisme, il faut battre le réformisme, ce qui rappelle de sombres heures de l’histoire.

La résolution que nous avons présentée insistait notamment sur le fait que dans une situation politique très inquiétante, et dès lors que l’hypothèque de la participation gouvernementale sera levée, la question d’un rapprochement du NPA avec le Front de Gauche, comme point d’appui pour la construction du bloc anticrise que nous appelons de nos vœux, devait en toute logique se poser.

La résolution commune P1A-P2 sous-estime gravement les enjeux de la situation. La Grèce devrait pourtant ouvrir les yeux des camarades. La Grèce où se joue le sort des peuples de toute l’Europe. La Grèce où la course de vitesse avec l’extrême droite est engagée. La Grèce où une formation de la gauche radicale devient la 2e force électorale du pays, et répond correctement aux enjeux de la situation. En Grèce, nous devrions être à Syriza, qui n’est mouillé dans aucune compromission avec les partis d’austérité. À moins qu’il y ait, comme nous l’a expliqué la P1A pour la France, une différence de « nature », qui justifie que l’on élève un mur étanche entre réformistes antilibéraux et révolutionnaires anticapitalistes…

C’est aussi la logique qui sous-tend la résolution majoritaire au CPN. La P2 a accepté de mettre en avant le front unique des luttes, mais en échange, elle a obtenu le renoncement à toute volonté de construire le projet que portait le NPA à sa fondation. Nous pensons que les anticapitalistes rassemblés doivent être partie prenante d’un front large, anticrise. Les camarades ont visiblement renoncé à toute idée de rassemblement politique qui impliquerait aujourd’hui un dépassement du NPA.

www.gauche-anticapitaliste.org