Une trentaine de camarades, venant de la plupart des régions et de Paris, se sont réuniEs les 28 et 29 octobre pour débattre de la solidarité avec les migrantEs.
Après avoir fait le point sur les mobilisations actuelles, leurs formats et leurs limites, nous avons échangé sur les réponses des États européens face aux migrantEs. Alors que la plupart des déplacéEs et réfugiéEs restent dans leur propre pays ou les pays limitrophes, que seulement une partie infime arrive en Europe (ils représentent 0,17 % de la population européenne), les États, dont la France, répondent par un scandaleux refus d’accueil. À la militarisation et l’externalisation des frontières, nous opposons leur ouverture ! Des discussions riches, sur la manière dont les intérêts de la classe capitaliste se traduisent dans les politiques (anti)migratoires, nous ont amenés à aborder l’en-campement des migrantEs en France et la sous-traitance d’États à États, notamment avec la Turquie et la Libye.
De multiples solidarités
En solidarité avec les migrantEs, dont les conditions de vie à la rue, dans des squats ou dans des camps institutionnels se dégradent, de multiples et diverses réponses individuelles et collectives ont émergé. Le soutien matériel est souvent la première réponse apportée. Cette confrontation avec le vécu des migrantEs, le rejet de leur demande d’asile et les expulsions qui s’ensuivent, participe à la prise de conscience, à la politisation accélérée de personnes qui s’impliquent initialement pour filer un simple coup de main. Une de nos tâches est de ne rien lâcher sur nos mots d’ordre de liberté de circulation et d’installation, d’égalité de droits, notamment celui d’avoir des papiers et un toit. Et de dénoncer le sale boulot que font les associations sous-traitantes de l’État français qui gèrent les camps de tri et de rétention. Tout en débattant positivement avec tous ceux et toutes celles qui s’impliquent dans la solidarité concrète. Faciliter l’auto-organisation des migrantEs et des sans-papiers, réunir les conditions nécessaires pour qu’ils et elles prennent leurs affaires en main est également primordial dans notre intervention politique.
Les migrantEs face à l’État autoritaire
Les migrantEs subissent aujourd’hui les politiques qui seront imposées à tous et toutes : remise en cause des acquis et droits démocratiques, militarisation de la police, violences, flicage au quotidien, appels à la délation. Ces logiques sont inscrites dans l’état d’urgence devenu la loi ordinaire, et nous ne devons rien lâcher contre la violence d’État. Nous devons donner nos explications de l’actualité, défendre nos revendications vers une autre société, aider à relier les initiatives dispersées, impulser des luttes de dimension nationale et être les plus unitaires possibles. Abattre le système ou être abattu par lui !
Enfin, nous avons recensé les différentes initiatives en cours et débattu des objectifs pour notre intervention. Une initiative massive, coordonnée, à dimension nationale, à discuter dans les collectifs de solidarité, serait primordiale pour soutenir migrantEs et réseaux militants. Dans un contexte de manque de débouché politique au mouvement de solidarité avec les migrantEs, il est essentiel de construire un rapport de forces permettant de s’opposer à la politique du gouvernement. Les journées internationales des migrantEs du 18 décembre et contre le racisme le 21 mars peuvent servir pour se retrouver touTEs au même endroit au même moment, et construire la riposte.
Matthieu Larrivé