Tandis que l’islamophobie a fait le miel de la campagne présidentielle et s’accélère encore pendant l’entre-deux-tours, l’ouvrage de Pierre Tévanian, Dévoilements fait du bien. En effet, après avoir mis en avant ce qu’il appelle les 30 paradoxes qui ont conduit à l’élaboration de la loi du 15 mars 2004 et plus récemment sur celle interdisant le niqab, du 14 septembre 2010, il s’interroge sur ce que ces paradoxes dévoilent de la société française et qu’il appelle « racisme ». Avec ces 30 paradoxes, il démonte nombre d’arguments qui ont conduit au développement de cette machine islamophobe qui, en définitive, stigmatise d’abord les filles ou les femmes.
Il aborde la question de la laïcité, les bouleversements de l’école, et en particulier les réactions dans la gauche voire l’extrême gauche qui ont considéré ces attaques comme des « écrans de fumée » destinés à détourner des questions sociales. Il montre comment il ne s’agit pas seulement de diversion, mais d’un véritable projet de société raciste. Il termine sur le quotidien des filles et des femmes qui portent le foulard, de plus en plus fait d’agressions, de commentaires, de discriminations à l’embauche etc. Et il dresse en conclusion un « bilan de la chasse » soulignant comment ces attaques recouvrent « des différends profonds qui concernent notamment l’éducation et l’interdit (dans quelle mesure et sous quelles conditions l’interdiction et la sanction peuvent-elles être pédagogiques ?), l’émancipation (peut-on libérer quelqu’un contre son gré ?), le rapport à l’autre et à sa liberté (jusqu’où peut-on considérer l’autre comme un être aliéné, en attente d’un tuteur bienveillant ?), le rapport entre morale et politique (la fin peut-elle justifier les moyens ?), la religion en général, l’islam en particulier et surtout la jeunesse issue des classes populaires et de l’immigration postcoloniale ».
Lisbeth Sal
Libertalia, 150 pages, 8 euros