Documentaire français, durée 1 h 08 min, sortie mai 2024.
Le 15 mars 2004, la loi interdisant le port de signes religieux « ostensibles » dans les écoles publiques est instaurée, adoptée par les parlementaires français à une très large majorité, dépassant tous les clivages politiques. En réalité, les débats, polémiques et exclusions scolaires qui ont eu lieu avant, pendant et après le vote de cette loi ne porteront que sur le port du foulard, visant ainsi expressément les jeunes femmes de confession musulmane au nom d’une nouvelle « laïcité ».
La parole aux premières concernées
Deux décennies plus tard, dans son documentaire le réalisateur Dhia Ben Naser met en perspective la notion de laïcité avec les obsessions françaises sur les tenues vestimentaires des femmes musulmanes (burqa, burkini, hijab de sport et plus récemment l’abaya) en donnant la parole aux premières concernées, qu’elles soient militantes, universitaires ou simples citoyennes.
Loin des débats télévisés virulents, anxiogènes et stériles, ce documentaire nous propose une heure pour aborder cette question sous un angle radicalement différent. Les femmes interviewées ont l’espace pour décrire à la fois leurs ressentis, leurs visions et leurs expériences au sein de la société française. Face à ces témoignages, nous prenons conscience des violences quotidiennes subies dont la société et l’État sont à l’origine et qu’ils alimentent régulièrement. Il est sans cesse demandé à ces femmes de choisir entre leur foulard et un métier, un sport ou une formation, etc. Sous peine d’être la cible de remarques, d’humiliations voire d’agressions.
Stratégies et action collective
Les femmes qui témoignent dans ce documentaire ont réussi à se construire malgré ou contre cette violence. Payant le prix fort, elles résistent par diverses stratégies, parfois par l’action collective. Ainsi les militantes de Lallab, une association féministe antiraciste, défendent la place des femmes musulmanes dans la société, avec une approche intersectionnelle. Le Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE) a, lui, pris la relève du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), dissous en 2020 par Macron, dans la droite ligne des politiques sécuritaires et islamophobes pratiquées depuis 20 ans.
Espérons que la prise de conscience collective du vécu des femmes musulmanes en France porte à agir contre l’islamophobie. Un film à voir sur : https://20042024movie.com/
Sarah, Nawal, Françoise et Frédérique