De Shim Sung-Bo, avec Yun-seok Kim, Park Yu-chun et Han Ye-Ri, Wild Side, 10 euros.
Une heure quarante-cinq de huis clos à bord d’un vieux rafiot dont le capitaine, pour faire face à ses dettes, va accepter d’embarquer des clandestins sino-coréens venus de Chine tenter leur chance en Corée du Sud. On a l’impression de sentir les embruns, les odeurs de poisson et d’huile chaude. Sur ce portrait sans concession de travailleurs de la mer aussi rudes que leurs conditions de vie se greffe un suspense haletant. Et aussi une allégorie sur cette société qui pousse les pauvres à s’entretuer et les femmes à se vendre pour tenter de survivre.
Shim Sung-Bo (réalisateur et coscénariste) et Bong Joon-ho (coscénariste), qui appartiennent à la jeune garde des cinéastes coréens engagés, n’en sont pas à leur coup d’essai. Les deux complices ont déjà réalisé ensemble le magnifique Snowpiercer, autre allégorie subversive sur la lutte de classes, officiant à tour de rôle comme scénariste et réalisateur. Avec Sea Fog, ils nous font vivre le drame des réfugiés qui est aujourd’hui universel, de la mer Jaune à la Méditerranée.
Gérard Delteil