Jacques Caplat, Actes Sud, 2014, 17 euros.
Pour ceux de plus en plus nombreux qui ne comprennent pas pourquoi on continue à « marcher sur la tête » et à faire tourner un système agricole délétère, tant pour les agriculteurs que pour les consommateurs, voilà 150 pages de réponses à leurs questionnements, fournies par Jacques Caplat dans la très intéressante collection grand public Domaine du Possible.On nous dit qu’il faut nourrir l’humanité, mais sur le modèle du Nord, ce ne sera pas possible : le système dit « conventionnel », qui agrège agriculture intensive, consommation abusive de viande, pesticides, engrais, sélection des semences, OGM, mécanisation..., mène à la destruction des sols, à la misère des paysans surendettés, à l’abolition de l’autonomie alimentaire pénalisant tout particulièrement le Sud, à une alimentation vide de substance et de goût. Ce système « conventionnel », encore largement majoritaire, vit grâce à des subventions, en proportion supérieures à sa part dans la production.Un autre monde est possible qui n’est pas celui du retour à l’araire et à la houe : la science permet d’envisager une transition agricole réaliste, efficace, qui nourrira l’humanité, suffisamment et qualitativement. L’agriculture biologique, ce n’est pas l’agriculture conventionnelle sans la chimie : c’est une autre agriculture fondée sur la prise en compte de l’écosystème local, des semences adaptées, des cultures complémentaires, de la reforestation, de la mixité élevage/culture, des techniques adaptées à la main-d’œuvre et non à la mécanisation, une solidarité du monde paysan et du monde urbain et entre fermes, et bien sûr un autre mode de consommation.Il est temps de réagir dans nos pratiques quotidiennes, que nous soyons producteurs ou consommateurs, cet ouvrage en donne le mode d’emploi.
Catherine Segala