Alain Cuenot, l’Harmattan, 2011, 25 euros.
Au moment où, de gauche comme de droite, « on » compatit devant l’horreur de la Première Guerre mondiale, la parution de cet ouvrage d'Alain Cuenot est salutaire, nous allions dire hygiénique... N’a-t-on pas vu en la mairie socialiste de Paris une expo intitulée « Fusillés pour l’exemple » en l’honneur des déserteurs ? N’a-t-on pas entendu en son temps un Sarkozy verser une larme « en mémoire de ceux qui n’ont pas tenu » ?
Alain Cuenot nous fait revivre cette aventure intellectuelle née en 1919 de l’horreur de la boucherie impérialiste. Le pacifisme a servi de porte-voix à toute une génération qui s’est regroupée dans le « Groupe Clarté » : de Henri Barbusse le fondateur, à Paul Vaillant-Couturier, aux surréalistes, à Victor Serge... jusqu’à Anatole France, Roland Dorgelès, Georges Duhamel, Paul Fort, Pierre Jean Jouve, Victor Margueritte, Jules Romains, et même Léon Blum ! Cet élan, Barbusse a voulu et su le fédérer, au prix de l’éclectisme bien sûr. Pacifisme n’est pas antimilitarisme, et on n’allie pas dans la « clarté » (sic) les surréalistes, Victor Serge et Léon Blum.
C’est le devenir de cette révolte morale et politique, incarnée si différemment, que Alain Cuenot nous fait découvrir. Cette trajectoire qui conduira certains vers la Révolution bolchevique, puis vers l’Opposition de gauche, puis au trotskisme ; d’autres, au nom du réalisme, iront au stalinisme ; et enfin certains finiront dans le marécage collabo toujours au nom du pacifisme...
Les libraires de La BrèchePrésentation des deux ouvrages par l’auteur Alain Cuenot à la librairie La Brèche le jeudi 5 juin à partir de 18 h