Publié le Mardi 5 juin 2012 à 13h00.

Essai : Fakir n° 55 (Mai à juillet 2012)

Fakir, c’est un journal réalisé par une bande de Picards, sans pub et ancré bien à gauche. Leur dernière livraison est excellente (très favorable au Front de Gauche par moments, mais ça fait partie du débat). En ouverture, un article de politique fiction poilant : « Hollande passe à gauche ». Petit extrait : « Le président fraîchement élu a donc annoncé la création d’un ministère de la Spéculation et de l’Évasion fiscale dont la charge sera confiée à Jean-Marc Rouillan. […] Face au tollé, le président français a vanté l’efficacité de l’ancien dirigeant d’Action Directe. “Quand il dit qu’il va nettoyer la finance au Kärcher, on est prié de le croire.” » L’ensemble de l’article est du même tonneau, rigolade garantie. Le reste du journal est principalement consacré à la question de la dette. Un long entretien avec un membre d’un cabinet de conseil en stratégie économique permet de revenir sur les perspectives que se donnent les marchés financiers. Une bonne ouverture pour le dossier central, très bien organisé : « Sommes-nous prêts pour la bataille ? ». Après avoir interrogé quelques « intellectuels-militants » (Garnier, Halimi, Filoche, Sapir), parlant de « mouvement » et d’ « irruption du peuple », voici comment Ruffin introduit son dossier : « Mais que ces penseurs nous pardonnent, quand on a dit ça, on a encore rien dit. Car comment agir, justement, pour que ce “ mouvement ”, […] cette “ irruption ”, adviennent et soient puissants ? » Partant de l’idée que les marchés s’organisent pour imposer leurs intérêts, il s’efforce d’envisager les principales règles à respecter pour tenter de gagner la bataille face à la finance. Il y a bien des éléments à discuter sur la question du protectionnisme, sur la place qu’il accorde au Front de Gauche, mais ce sont des discussions qui agitent nos propres rangs.

Ce qui rend la lecture de l’ensemble vraiment stimulante, c’est la volonté de prendre les débats à hauteur humaine, comme ils se présentent à une équipe syndicale de la ZI d’Amiens par exemple, avec cette conviction affichée : « Après les élections, la baston ! »

Henri Clément

3 euros