Publié le Mardi 6 mai 2014 à 19h03.

Essai : Quand la misère chasse la pauvreté, Majid Rahnema, Babel Actes Sud, 2004, 9,70 euros.

Ancien diplomate iranien, l’auteur, haut fonctionnaire des Nations unies à l’Unesco et au PNUD, a écrit il y a déjà plus de 10 ans un livre paradoxal par rapport à son parcours personnel. Dans son ouvrage l’écologie radicale (Infolio 2012), Frédéric Dufoing le mentionne largement et dit qu’il « pose une question cruciale, celle de l’aide au pays « pauvres ». Car s’il faut effectivement aider dans l’urgence, l’aide instituée et constante… vise en premier lieu à aider les donateurs, à maintenir les dispositifs qui perpétuent leurs positions de pouvoir et leurs privilèges sociaux, tout en dépossédant les pauvres de leurs moyens de lutter contre la misère ».

La thèse de Rahnema est que la vie pauvre permettait la satisfaction des besoins essentiels, et les rapports humains en étaient un des fondements. L’irruption de l’économique dans des schémas ancestraux, en supprimant des cultures vivrières, en créant des besoins nouveaux, a fait le lit de la misère et de la frustration permanente qui l’accompagne...

Sans bien entendu vouloir, comme Rahnema a tendance à le faire, idéaliser la pauvreté, ni le « c’était mieux avant », on ne peut que constater que sa démonstration trouve de multiples illustrations. Par exemple à travers les effets néfastes de l’agro-industrie au Cambodge...

Catherine Segala