Mimmo Gangemi, Seuil, 2017, 20 euros.
Bienvenue en Calabre : la mer et le ciel y sont bleus et la ’Ndrangheta (la mafia locale) veille. Une petite ville est secouée par le meurtre de Marco Morello, le fils d’une puissante famille ’ndranghetiste. Face aux « galants hommes » et à leurs soudards, une société pitoyable. Des notables qui bavardent interminablement au « cercle culturel » mais se taisent quand leurs paroles pourraient être rapportées au chef du clan. Des flics parfois corrompus et quelquefois violents avec les administrés moyens. Des juges, soit avides de publicité, soit soucieux d’en faire le moins possible : de toute façon, ce qui se dit au palais de justice est à peu près immédiatement connu des caïds. Quant aux citoyens lambdas, coincés entre la ’Ndrangheta et la « loi », ils comprennent vite qu’il vaut mieux ne pas trop parler. Les ’ndranghetistes de Gangemi, comme il le souligne lui-même, n’ont pas grand chose à voir avec le Don Corleone du Parrain...
Le juge Lenzi, qui a une solide réputation de flemmard, est chargé du meurtre de Morello fils. En fait, il va s’investir dans l’enquête d’autant plus qu’un autre meurtre est bientôt commis dans des circonstances aussi sordides que le premier (victimes torturées et ligotées vivantes avec du fil de fer, on vous passe les détails…). Dans l’intervalle, les Morello, pour ne pas perdre la face, ont aussi estourbi quelqu’un. Après un troisième meurtre, le « petit juge » va résoudre l’affaire mais comme, on est en Calabre, il va pour cela avoir besoin des lumières d’un vieux « parrain » aux allures un peu plus policées que les Morello.
Henri Wilno