De David Humbert. Éditions Liana Levi, 2017, 20 euros.
Il s’agit du premier roman d’un journaliste scientifique et géologue. Sanctionné et muté du 36, quai des Orfèvres à Rouen, sa ville natale, Paul Kubler, policier intègre et atypique, a du mal à rester dans les clous plantés pour banaliser le chemin du flic obéissant. Lui, il veut des histoires et même, il les cherche.
L’occasion ne tarde pas à se présenter, quand l’eau du robinet devient rose, puis vert fluo. L’enquête va le conduire à dénouer plusieurs affaires imbriquées entre elles qui rappellent des magouilles politico-financières bien réelles. Des fûts de polluants enfouis, une contamination criminelle des sources alimentant la ville en eau potable, une déclaration officielle annulée permettant la construction d’un centre commercial et d’un lotissement, des caïds locaux payés par un patron liquidateur pour faire le coup de poing dans les manifs, sont les ingrédients principaux de cette fiction policière bien documentée.
L’auteur nous entraîne dans les immenses cavités de craie exploitée depuis des siècles pour sa blancheur et sa qualité, et dans les profondeurs creusées au fil du temps par l’infiltration et l’action dissolvante de la pluie sur les roches calcaires : le karst. En prime, une découverte de Rouen et de ses quartiers qui bouscule bien des idées touristiques convenues (le Robec ne coule pas là où l’on croit !) et des prises de positions écolos et syndicales sympathiques. Un réquisitoire contre l’agriculture intensive et les patrons voyous accompagne agréablement la lecture de ce polar intelligent et divertissant.
Sophie Ozanne