Après les échecs de Copenhague et de Cancùn, cette année encore, nous pourrons observer les impasses et les fausses solutions capitalistes lors des sommets du G8 et du G20 en France.
Les États-Unis, la France, le Japon, la Russie et le Royaume-Uni sont les cinq pays les plus nucléarisés dans le G8 : pour le nucléaire, comme pour les ventes d’armes, ce sont les plus riches qui en profitent le plus.
Alors que pouvons-nous attendre du sommet du G8 et même du G20 ?
- quelques promesses de contrôles « indépendants et complets» des réacteurs nucléaires et de leurs piscines de combustibles ;
- la création de « task force » nationales d’intervention rapide comme le propose notamment EDF ;
- une certaine modération dans la promotion du nucléaire dans les pays les plus « risqués » ;
- de beaux discours et de belles promesses productivistes, qui tout en agitant le besoin de lutter contre le réchauffement climatique, ne présenteront que deux possibilités : le nucléaire ou le retour à la bougie.
Inutile d’attendre des sommets du G8 ou du G20 un changement de la politique nucléocrate des pays les plus riches : Nicolas Sarkozy a d’ailleurs déjà indiqué lors de son récent voyage au Japon que le sommet du G8 publierait un communiqué sur les questions nucléaires. « L’énergie nucléaire reste une source d’énergie viable et le monde a besoin de cette énergie pour réduire les émissions de dioxyde de carbone », a-t-il ajouté.
« Viable » parce que prétendue « décarbonnée » ? Cela est une fois de plus un mensonge : le nucléaire ne peut constituer une solution à l’urgente réduction des émissions de gaz à effet de serre compte tenu de l’énergie requise par l’extraction, le transport et les déchets des combustibles. La seule énergie « décarbonnée » est celle qui n’est pas consommée. Ce sont l’efficacité et les énergies renouvelables qui permettront incontestablement de réduire les émissions de gaz à effet de serre et justement de sortir rapidement du nucléaire.
« Viable », malgré les catastrophes nucléaires, le coût réel du nucléaire et l’endettement qu’il représente pour tant de générations futures ?
« Viable », malgré les mines d’uranium qui créent des conflits et des tensions dramatiques notamment au Niger et en Libye ?
« Viable », malgré des réserves mondiales très limitées et des déchets qui vont polluer des dizaines de milliers d’années ?
L’urgence climatique ne sera donc une fois de plus que le prétexte à la promotion de la mortifère et inutile industrie du nucléaire.
Rêvons du jour où nos dirigeants participeront à des sommets internationaux pour représenter les peuples et non certains intérêts capitalistes, du jour où ils décideront enfin de sortir le plus vite possible du nucléaire mais également du culte de la vitesse ou de la fuite en avant que constituent par exemple les gaz et huiles de schiste ou encore les sables bitumineux.
Rêvons de représentants des peuples qui auraient comme priorité l’écologie et le social, un accès garanti de tous à l’eau et l’énergie, une taxation très progressive pour renchérir le « mésusage » d’un petit nombre, une politique de transport à la fois responsable et juste, socialement et territorialement, ou encore la réduction des transports de marchandises par le biais de relocalisations.
Rêvons de représentants des peuples qui interdiraient la sous-traitance massive à des travailleurs précaires et défendraient les services publics de l’énergie, contrôlés par les salariés et la population, seuls garants de la sécurité des travailleurs et des installations, donc de tous les citoyens.
Rêvons de représentants des peuples qui nous avoueraient que le nucléaire ne représentant que 2,3 % de l’énergie consommée dans le monde et qu’il est possible d’en sortir, ne serait-ce qu’en arrêtant les productions inutiles et en misant sur la durabilité et la réparabilité des produits plutôt que sur leur obsolescence programmée.
Le G8 et le G20 auront une fois de plus des objectifs avant tout financiers, productivistes et croissantistes.
Nous ne pourrons espérer ni du G8, ni du G20, des avancées dans l’élaboration d’une politique et une planification énergétique justes et démocratiques. L’espoir et l’alternative ne pourront se placer que dans les manifestations qui auront lieu en parallèle de ces sommets.
les sommets écologistes et socialistes auront lieu dans la rue et lors d’une multitude de contre-sommets de toutes tailles qui pourront être organisés sur la transition énergétique et la sortie du nucléaire ou encore sur l’urgence climatique et la justice sociale.
Rappelons par exemple que la lutte contre le nucléaire et les énergies fossiles non conventionnelles, mais aussi leurs nombreuses alternatives, seront au centre du rassemblement citoyen international dans le Larzac, les 6 et 7 août prochains où sont attendus et espérés environ 200 000 personnes.
Thomas Couderette