Pendant plus de quatre mois, les salariés de PSA à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ont tenu tête à la direction du groupe et au gouvernement. Multipliant les actions surprise, ils ont rendu leur grève populaire, suscité la solidarité, gêné un patronat qui voulait imposer la fermeture comme une fatalité et un gouvernement trop visiblement à son service. Car passés les premiers effets de manche de Montebourg, tout le PS s’est vite rangé derrière l’appel au calme et à la responsabilité adressé par le gouvernement aux salariés mobilisés.
C’est le 12 juillet 2012, que Varin, PDG du groupe, déclare officiellement à la presse l’intention de PSA de fermer le site d’Aulnay. L’annonce survient un an après la révélation par la CGT du document secret présentant le plan de PSA et après un an de mensonges de la direction et d’accords pour ne pas perturber les élections présidentielles et législatives.
A la faveur du rapport Sartorius, commandé par le gouvernement et concluant, en septembre 2012, à la nécessité de fermer le site, le président du « changement » va pouvoir adopter la même attitude que son prédécesseur : aux ouvriers de comprendre la pauvre famille Peugeot et de la soutenir pour sauver PSA ! Et à partir de décembre 2012, ce sera au prix non plus de 6 800 suppressions d’emplois, comme annoncé en novembre 2011, ni de 8 000 (juillet 2012) mais de 11 200, sur tout le groupe.
Dans ce soutien à PSA, le plus efficace du gouvernement s’avèrera Valls qui poursuivra des salariés coupables de défendre leurs emplois ; comme devant les locaux du Medef, le 28 mars 2013, où les gendarmes délogeront les grévistes avec violence. Pour le PS, un patron riche à milliards peut mettre ses salariés à la porte mais on ne pénètre pas dans le sacro-saint sanctuaire du patronat !
Les salariés s’organisent et avancent vers la grève
Dès la révélation du plan secret en juin 2011, salariés et syndicats, CGT en tête, vont chercher à organiser la riposte. De la manifestation du 18 février 2012 dans les rues d’Aulnay aux perturbations de meetings électoraux, les salariés font connaître leur colère et leur refus de la fermeture du site et commencent à préparer une grève qui n’arrivera que bien plus tard, le 16 janvier 2013.
Les militants de LO, nombreux sur la boîte, pensent dès juin 2011 qu’il faut tendre vers une grève majoritaire. Leurs efforts se portent donc vers une extension de la mobilisation à l’intérieur de la boîte où il leur faut lutter d’abord contre le scepticisme des ouvriers quant à la fermeture voire, plus tard, contre leur résignation. Pourtant ce sera le même noyau de 250 travailleurs mobilisés depuis un an et demi qui votera la grève le 15 janvier, de manière donc minoritaire sur une boîte qui comptait 2 800 salariés.
Il faut dire que la direction ne reste pas les bras croisés, elle désorganise volontairement Aulnay. Elle repousse d’abord l’annonce de la fermeture, transfère des salariés à l’usine de Poissy dès l’automne 2012 et prend des sanctions à tour de bras contre les salariés mobilisés, telles que le décompte sur les salaires des heures de participation aux AG ou encore les convocations de certains salariés du ferrage pour « manque de production ». Le patron n’a rien laissé au hasard ; dès l’automne, il prépare le transfert de la production de la C3 à Poissy qui commencera début 2013, au moment où la grève est lancée à Aulnay.
En fait, le bras de fer est engagé bien avant que la grève ne débute. Cela permet certes une prise de conscience de la part des salariés mais ne conduit pas pour autant vers une mobilisation majoritaire. Ce qui deviendra majoritaire, c’est le sentiment que le patron se moque des salariés. Ainsi, peu doutent des raisons du lock-out décidé par la direction, mettant l’usine au chômage du 21 au 27 janvier, alors que le nombre de grévistes a grimpé dans les trois premiers jours de la grève (passés de 300 à 600 entre le 16 et le 18 janvier). De même, c’est une majorité qui s’offusquera de la propagande patronale reprise dans les médias sur les « voyous » d’Aulnay qui « paralysent la production » alors que Varin s’apprête à l’arrêter tout bonnement. Seuls des huissiers payés par le patron dès le début de la grève (ainsi qu’une centaine de vigiles privés et 200 cadres venus d’autres sites de PSA) constatent les soi-disant dégâts. Et c’est la majorité des non-grévistes qui soutiendra tacitement la grève, soit par des arrêts maladie « solidaires », soit par refus d’assurer son poste ou tout autre vers lequel le management veut l’envoyer. Enfin, le contenu du PSE (le mal nommé « plan de sauvegarde de l’emploi ») sera aussi un sujet de mécontentement commun aux grévistes et non-grévistes.
Malgré tous les efforts des salariés mobilisés pour entraîner cette majorité dans la grève et leurs démarches systématiques pour ne pas s’en couper, elle n’y entrera pas mais participera occasionnellement à des actions, rassemblements ou AG. Ce qui fait dire à la CGT qu’environ 900 salariés ont été associés à la mobilisation.
Mais Aulnay n’était pas seul dans le paysage social et les opportunités d’étendre la mobilisation vers l’extérieur auraient pu aider à inverser le rapport de force interne. Pour cela, l’occasion a peut-être été manquée de déclencher la grève plus tôt, avant que le travail de sape de la direction ne fasse trop effet, tout en se tournant avec plus de volontarisme vers les autres boîtes en lutte en vue de former un front commun.
Se battre avec ou contre les syndicats ?
Avant l’annonce de la fermeture par la direction, la CGT parvient à construire un front syndical avec les organisations majoritaires de l’usine et notamment le SIA (ancienne CFT mise en place par le patron Peugeot). Le SIA est majoritaire aux élections de 2011 sur le site d’Aulnay. Dans le collège des ouvriers et employés il fait 34 %, la CGT 36 %, SUD 12 % et la CFDT 6 %. Ensemble et sous l’impulsion de la CGT, ces syndicats organisent des actions, telle que la manif d’Aulnay en février 2012.
Parallèlement, et pour éviter que certains syndicats ne négocient sans leur avis, les salariés mobilisés vont, en AG, élaborer leurs revendications durant octobre et novembre 2012 : retrait du PSE, départ en retraite à 55 ans, CDI pour tous et prime de licenciement de 130 000 euros. La majorité des salariés soutient ces revendications : la pétition récolte 1 600 signatures sur l’usine. Il n’est pas question pour nous de dire qu’il faut voir là un recul de la CGT et des militants révolutionnaires du site. Il est vrai que le mot d’ordre « Non à la fermeture d’Aulnay », s’il reste sur les banderoles, n’est plus celui que les salariés mobilisés pensent pouvoir atteindre au vu tout simplement de leur appréciation du rapport de forces.
Mais le garde-fou ne suffit pas et le 8 novembre, en réunion à la préfecture de Bobigny où 400 salariés se sont rassemblés, le « front syndical » éclate. SIA, FO et CFTC ne défendent pas les revendications élaborées par les salariés eux-mêmes. De même, le 12 février 2013, lors de la dernière des dix réunions de négociations sur le PSE d’Aulnay qui ne contient toujours aucune garantie de reclassement et aucune mesure d’âge, quatre syndicats (SIA, CFE-CGC, CFTC et FO) vont soutenir ce plan de licenciement ; puis le 18 mars, lors du CCE (comité central d’entreprise) où les mêmes émettront un avis favorable au PSE. La presse relaie largement la trahison, histoire d’isoler les grévistes et la CGT qui restent néanmoins déterminés ; d’autant plus que la répression syndicale orchestrée par la direction s’abat sur toujours plus de militants et qu’une revendication d’importance vient alors s’ajouter aux précédentes : retrait de toutes les sanctions. Certains syndicalistes centraux iront même jusqu’à ne pas s’opposer aux sanctions proposées par la direction à l’encontre de certains délégués syndicaux et, à l’instar de M. Don de la CFTC PSA, écrire une tribune dans la presse pour dénoncer les violences de certains syndicalistes du site d’Aulnay – où il n’a jamais posé les pieds !
Quant au syndicat SUD, ses dirigeants annoncent son retrait de la grève, le 25 avril, alors que l’assemblée générale votera sa suspension le 17 mai. Ils accusent la CGT de négocier secrètement la fin de la grève avec la direction et lui reprochent la décision de l’assemblée générale des grévistes d’exclure SUD des négociations. Mais, aux dires des grévistes, ce sont les dirigeants de SUD eux-mêmes qui sont souvent restés en marge des actions et des décisions de l’assemblée générale. Les rapports entre Sud et la CGT sont très mauvais et renvoient aux conditions de la création de SUD avec des accents de communautarisme et un anti-LO qui flirte avec l’anti-politique. Les intérêts du mouvement n’ont pas réussi à faire passer au second plan ces divergences.
En réalité, c’est grâce au comité de grève et au fonctionnement en AG que les salariés vont garder la mainmise sur leur propre lutte.
Un comité de grève et une assemblée générale actifs et efficaces
La fierté des grévistes d’Aulnay, c’est ce comité de grève, l’outil qui leur a permis de « se battre comme des lions », comme le dit le badge qu’ils arboreront tous durant la grève. L’implantation des militants révolutionnaires, de LO essentiellement, et les acquis de la grève de 2007, permettent sa mise en place rapide.
Dès le début de la mobilisation en 2011, les militants ont pris l’habitude d’organiser des réunions par ateliers, pour discuter de la situation dans la boîte et des actions envisagées. L’assemblée générale s’inscrit aussi dans le paysage, elle sera quasi-quotidienne dès le début de la grève. C’est d’elle qu’émane le comité de grève qui regroupe une cinquantaine de grévistes et qui prépare les actions, l’ordre du jour des AG ou fait le décompte quotidien des grévistes. Différentes commissions qui permettent d’organiser la grève (finance, actions, repas, service d’ordre…) sont mises sur pied.
Une des réussites de ce comité de grève est d’être parvenu à emporter la solidarité de milliers de travailleurs à travers le pays en montrant que les salariés n’ont pas comme unique solution de courber l’échine face à la toute-puissance patronale. Ils ont réussi à « être le cauchemar » de Varin et du gouvernement pendant 18 semaines, avec leur intrusion au Conseil national du PS le 13 avril ou les occupations des sièges de l’UIMM et du Medef les 8 et 28 mars.
Les travailleurs d’Aulnay ont également multiplié les rencontres avec des salariés d’autres entreprises en lutte. Les 23 et 30 janvier 2013, ils se rendent à Renault-Flins et Renault-Cléon, où l’on vient d’annoncer le projet d’accord de compétitivité, le 29 janvier aux Champs-Élysées avec les Virgin et au ministère du Travail avec les Sanofi, les Goodyear, les Candia. Le 12 février, une cinquantaine va soutenir les Goodyear d’Amiens devant le siège de Rueil-Malmaison. Le 20 février, ils rencontrent les salariés de Lear (sous-traitant de PSA) touchés par une suppression de 300 emplois et en grève depuis le 14 février. Le 7 mars, ils rejoignent les salariés du fret d’Air France, à Roissy, mobilisés depuis trois semaines contre les conséquences du plan Transform 2015 et qui les ont invités à un pique-nique de lutte. Ces rencontres sont l’occasion de fraternisation entre équipes militantes, elles regonflent le moral des uns et des autres, sans déboucher pour autant sur la construction d’un front plus durable d’entreprises en lutte.
Et face aux directions CGT ?
La confédération CGT a affiché sa solidarité à l’égard des grévistes d’Aulnay ; elle ne l’avait pas fait avec les Continental quand Bernard Thibault les avait accusés de ne pas se battre pour garder leurs emplois et les industries en France. Toutefois, la NVO et la publication Ensemble resteront longtemps muets sur la lutte.
Le 22 mars 2012, la CGT départementale organise un meeting avec Bernard Thibault et les salariés, devant l’usine d’Aulnay. Le 1er mars 2013, une quinzaine de jours avant le congrès confédéral, Thierry Lepaon, futur successeur de Thibault à la tête de la CGT, vient parler à l’entrée de l’usine. Les discours sont toujours émaillés de politiques de ré-industrialisation dont on ne comprend pas bien comment la CGT compte l’imposer à un patronat tout-puissant (comme si elle était consultée au moment de choisir où Peugeot implantera sa prochaine usine). Mais finis les discours moralisateurs, la place est à la solidarité et au soutien financier.
C’est que la grève est très populaire et le sort réservé à 11 200 salariés du groupe bien trop grave dans cette situation de crise pour ne pas être dénoncé. Mais pour autant, en dehors de ce soutien extérieur, quelle politique proposent la confédération et la fédération métallurgie CGT ? Continuer à se battre chaque boîte isolément, le dos au mur. Et c’est dire si les grévistes, on les préfère cantonnés sur leur site : les salariés d’Aulnay, en pleine grève, ne seront même pas invités au congrès confédéral de la CGT à Toulouse, du 18 au 22 mars 2013 !
Quand le 29 septembre 2012, lors du rassemblement en soutien à ceux d’Aulnay, à l’appel de la CGT départementale, dans la cité des 3 000 d’Aulnay, arrive une quarantaine de salariés de Ford Blanquefort, en bagarre eux aussi, la CGT 93 leur refuse la parole. Et la CGT d’Aulnay ne souhaite pas non plus laisser parler Philippe Poutou, pourtant militant CGT actif sur sa boîte, comme Jean-Pierre Mercier et Philippe Julien de Lutte ouvrière pour PSA Aulnay. Dès l’été 2012, les Ford de Blanquefort avaient fixé une montée au salon de l’auto à Paris le 29 septembre, à un moment où aucune autre date n’était inscrite dans le paysage. Les Ford décident de ne pas voir dans le rassemblement d’Aulnay une diversion pour éviter le contact entre militants et se rendent sur place. L’accueil de la part des salariés est chaleureux, celui des directions CGT (93 comme PSA-Aulnay) beaucoup moins…
À la rentrée, la confédération CGT avait appelé à une manifestation le 9 octobre « pour la défense de l’emploi et de l’industrie ». Des boîtes de l’automobile mobilisées appellent, le matin, à un rassemblement devant le même salon de l’auto. La fédération métallurgie de la CGT milite clairement contre ce rassemblement. Quant à la CGT d’Aulnay, c’est tardivement qu’elle décide d’y participer, alors que les sections CGT de l’automobile l’ont acté dès le 3 septembre. Les salariés d’Aulnay y participent, nombreux, mais sans lui donner le ton offensif auquel on pourrait s’attendre, quand on sait que sont rassemblées ici les plus combatives des mobilisations du moment dans l’automobile et même un peu plus largement.
Oui, des occasions ont été manquées de déborder les cadres syndicaux officiels ou tout au moins de proposer un cadre commun aux boîtes mobilisées, de ne pas laisser la politique de l’isolement des directions syndicales à l’œuvre. Que les militants de Lutte ouvrière aient sous-estimé et dévalorisé la perspective concrète d’une convergence des luttes, doit être mis en débat fraternellement.
Premiers bilans…
Les grévistes de PSA ont réussi à desserrer partiellement l’étau dans lequel la direction de PSA comptait les écraser pour se débarrasser d’une boite réputée être la « brebis galeuse » du groupe. Depuis 1982, les salariés d’Aulnay avaient tenu tête aux méthodes de choc de Citroën devenu PSA. En particulier depuis les grèves de 2005 et 2007, la CGT et SUD entretenaient un climat de contestation capable d’entraîner ponctuellement d’autres équipes ou militants syndicaux. Ces luttes avaient fédéré un groupe de 250 à 300 salariés plus large que les seuls syndicalistes. C’est ce collectif dont la direction comptait se débarrasser en l’isolant des salariés du site et du groupe.
Les grévistes ont su résister à l’isolement mais n’ont pu empêcher la direction, avec le soutien du gouvernement, de mettre en place un piège régulièrement utilisé : la menace des sanctions et des poursuites judiciaires individuelles. Quatre licenciements effectifs et quatre procédures contre des élus, auxquels se sont ajoutées des menaces de poursuites pour dégradations à Poissy, ont pesé sur le moral et déplacé le curseur des revendications des grévistes. C’est ce qui, suite à une décision en assemblée générale des grévistes, a justifié la signature par la CGT du protocole de fin de grève qui par ailleurs n’améliorait que très à la marge le PSE : les sanctions étaient toutes levées, la prime de départ augmentée de 20 000 euros pour ceux des grévistes qui décidaient de partir avant le 31 mai, et des garanties de reclassement étaient données aux autres. Le protocole imposait aussi à la CGT de mettre fin à ses démarches judiciaires contre ce PSE. Il a permis à la direction de PSA de se débarrasser d’une partie des grévistes puisqu’environ 120 d’entre eux ont quitté le groupe depuis le 31 mai.
Il est bien sûr impossible de dire aujourd’hui quels seront les impacts de cette grève ou ses rebondissements à Aulnay ou sur d’autres sites du groupe. Depuis l’arrêt de la grève, la production n’a pas repris sur le site d’Aulnay, partiellement vidé par le prêt de salariés à d’autres usines du groupe. Des assemblées générales ont réuni un peu de monde autour de la préoccupation d’élargir aux non-grévistes les conditions de départ obtenues par le protocole de fin de grève. Ce qui domine les discussions est l’avenir de chaque salarié. Plus personne n’accorde la moindre confiance aux promesses de la direction, mais personne n’a d’alternative. Si on ne peut écarter la possibilité d’une explosion lorsque les licenciements secs tomberont, ce qui est sûr c’est que ce sera sans une bonne part de la fraction combative qui a déjà quitté le site.
Cette grève de quatre mois et demi a été un coup de colère, faisant suite à des accumulations de mensonges et de trahisons, une affaire de dignité à laquelle les militants de la CGT ont donné les moyens de s’exprimer et de durer. Mais surtout, elle permet de prendre la mesure du rapport de forces qu’il faut préparer.
Comment transformer la sympathie et le soutien à un combat légitime de la part d’une frange importante des travailleurs en actions de solidarité capable de peser sur les décisions stratégiques d’un groupe multinational ? Comment reconstruire une conscience de classe capable de bloquer l’offensive tout azimut du patronat qui, même pendant la grève d’Aulnay, a pu dérouler ses projets de réorganisation sur les autres sites du groupe PSA ou mettre en place des accords de compétitivité pour Renault ? Comment unifier des luttes de résistance contre la même politique déployée, avec des rythmes différents, dans des secteurs aussi différents qu’Arcelor Mittal, Goodyear, Sanofi, Virgin, et des dizaines de petites entreprises beaucoup moins emblématiques, sans parler des services publics ? Ces questions devraient faire l’objet de débats entre les militants qui en partagent la préoccupation.
La grève des PSA Aulnay montre en tout cas que sans réponses à ces problèmes auxquels le mouvement ouvrier se trouve confronté aujourd’hui, il est presque impossible de faire bouger le rapport de forces. Les luttes locales exemplaires, même largement médiatisées, ne peuvent suffire ni à marquer des points significatifs dans le rapport de forces ni à créer une polarisation spontanée (par ailleurs délibérément entravée par les confédérations syndicales). La convergence ne peut être la fédération de luttes qui seraient toutes au même niveau d’engagement, même si elle est évidemment rendue plus complexe à réaliser par le décalage des échéances spécifiques à chacune. Et pourtant la convergence des luttes est plus que jamais, non pas une marque déposée par une organisation pour se distinguer des autres, mais la question politique centrale pour commencer à inverser les rapports de forces.
Cathy Billard et Aurélie Serva