Après le succès de la grève à la Poste en Basse-Normandie, les conflits contre les surcharges de travail, les horaires, les fermetures et le manque d'emplois, ont continué par ailleurs. Il y a eu des échecs dans le Doubs, aux postes de Valdahon, Morteau, Maîche, Pierrefontaine les Varans après 15 jours de grève et un succès à la Poste de Cadillac (Gironde) après qe durant les 7 jours de grève, les facteurs se soient adressés à leurs collègues du centre de tri de Langon comme à la population.
D'autres conflits ont eu lieu ou continuent comme le 4 mars, à Saint-Gély du Fesc dans l'Hérault (auquel sont rattachés les sites de Castelnau-le-Lez, Vendargues, Clapiers et Ganges) en grève reconductible et puis à Lunel avec préavis de grève pour le 12 mars et également à Saint-Jean de Védas, dont dépendent Juvignac, Mèze, Pignan, Cournonterral, Frontignan ; à Saint-Etienne le 7 mars ; à Charolles (Charolais) ou Aix-Gambetta, Val Saint André et Le Tholonet après Les Milles (Bouches du Rhône) le 10 mars ; le 10 mars également dans les trois départements des Alpes en Isère, Savoie et Haute-Savoie ; à Bressuire dans les Deux-Sèvres le 11 mars ; à Echirolles (Isère) depuis le 27 février... Et puis d'autres conflits durent depuis plus longtemps encore comme à Thuir (Pyrénées Orientales) depuis 47 jours, ou à Balma (Haute Garonne) depuis 17 jours ou encore Gourdon (Lot) depuis plus d'un mois, avec toujours la difficulté d'une coordination efficace des luttes.
Mais deux éléments vont peut-être modifier la donne.
En effet les postiers de Thuir ont manifesté le 12 mars à Montpellier avec le soutien de ceux des Pyrénées Orientales, de l'Aude et de l'Hérault mais, surtout, le mouvement pourrait s'amplifier car un préavis de grève à tous les personnels a été déposé par les syndicats SUD et CGT, à partir du lundi 16 mars, dans ces trois départements. Par ailleurs, dans le même état d'esprit, la CGT a déposé un préavis de grève illimitée à partir du mardi 17 mars pour l'ensemble du personnel titulaire et contractuel, cadres et non cadres de tous les services courriers distribution, concentration, Cedex, cabine pour le département du Lot-et-Garonne. Enfin les grévistes d'Echirolles en Isère ont pris la décision de mettre en place un comité de soutien le plus large possible, réunissant associations, personnalités, élus, syndicats et partis progressistes dès le 14 mars. Cette volonté d'élargissement local ou régional à d'autres postiers et à la population et en même temps de ponctuer ces mouvements par des manifestations régionales qu'on a vu en Basse-Normandie, existe aussi à Thuir, Balma, Gourdon, etc... et semble être une constance.
Mais à cette volonté d'élargissement local ponctué de journées de manifestations régionales, va peut-être se rajouter une dimension nationale – et politique - avec la montée de l'idée d'utiliser la distribution des plis électoraux du 16 au 21 mars pour les élections départementales afin de faire aboutir les revendications.
Ainsi les postiers du Valdahon parlent de repartir en grève pour cette distribution des plis électoraux. Des postiers du Sud-Finistère en mouvement le 12 mars ont aussi évoqué cette possibilité. Ceux de l'Hérault et notamment de Bédarieux annoncent clairement leur décision d'agir dans cette semaine pré-électorale du 16 au 21 mars. Et déjà les facteurs des centres de tris postaux de Tourcoing et Roncq comme quatre autres centres du Nord ont débrayé le 12 mars et ont posé un préavis de grève les 20 et 21 mars pour réclamer le paiement de la distribution de ces plis électoraux alors que la direction de la Poste estime que les facteurs peuvent absorber cette charge de travail supplémentaire sans compensation salariale.
On ne peut pas encore savoir si cette semaine sera démonstrativement marquée par la volonté de lutte des postiers. Mais si ça se réalisait, ce serait un degré de plus dans la coordination de leurs mouvements. Et plus que cela, ils pourraient alors représenter à ce moment de plus grande visibilité, un mécontentement plus général qu'on voit s'exprimer aujourd'hui dans les mouvements contre les licenciements dans le privé, le manque de personnel dans les hôpitaux et plus démonstrativement dans la croissance des grèves et débrayages pour la hausse des salaires…
Il va de soi que notre rôle serait alors de dire que c'est dans ces mouvements et leurs revendications que s'exprime le véritable vote de la population qu'aucun des grands partis en lice aux départementales ne reprend à son compte, au contraire complètement décalés ou hostiles à ces aspirations populaires. Et d'appeler au 9 avril en s'adressant aux abstentionnistes et aux électeurs de gauche déçus, en disant que ceux qui fondamentalement décident des licenciements, de la dégradation des conditions de travail, du blocage des salaires mais aussi du fond de la loi Macron, ne sont pas élus mais figurent dans les conseils d'administration des banques et des grandes entreprises ; et que 500000 personnes dans la rue le 9 avril pèseront plus que quelques millions les 22 et 29 mars.
Jacques