Derrière la figure romantique de l’actrice adulée et respectée se cache une tout autre réalité...Au XVIIIe siècle, le fait d’être comédienne était associé à la prostitution et les actrices n’avaient d’ailleurs souvent pas d’autres choix que d'y recourir pour subvenir à leurs besoins. Depuis, on aurait pu penser que la situation a évolué. Les milieux artistiques, après tout, ne seraient-ils pas plus enclins à être progressistes ? Il semble bien que non. Encore aujourd’hui, les femmes sont cantonnées aux grandes figures de la littérature classique : jeune première énamourée ou fille légère qui sombrera dans la dépravation. Médée ne tue-t-elle pas ses enfants après avoir été quittée par Jason ? Phèdre ne se suicide-t-elle pas après le départ de Thésée ? Bref, point de salut sans homme dans le théâtre classique et il semble que la situation n’a pas tellement évolué.Des femmes invisiblesCatherine Anne, écrivaine, metteuse en scène et Myriam Marzouki, metteuse en scène, ont publié dans le journal Libération du 24 janvier 2013 une tribune intitulée « Culture : les femmes veulent mieux que des strapontins ». Cette tribune fait suite à plusieurs actions visant à dénoncer l’absence des femmes dans les postes à responsabilité dans les milieux culturels. L'association féministe la Barbe perturbait ainsi la présentation de saison de l’Odéon 2012-2013 où n’était présentée aucune pièce écrite et/ou mise en scène par une femme. Il est vrai que les chiffres sont éloquents. Alors que les filières art du spectacle, les écoles de théâtre sont majoritairement fréquentées par des femmes, 81,5 % des postes dirigeants de l’administration culturelle, 70 % des centres chorégraphiques nationaux, 75 % des théâtres nationaux et 85 % des centres dramatiques nationaux sont dirigés par des hommes… Certes, les femmes sont présentes dans ces structures mais elles n’en prennent pas la tête, et encore moins lorsqu’il s’agit d’avoir des responsabilités artistiques et administratives. Les milieux culturels n’échappent donc pas au phénomène du plafond de verre malgré leur vernis progressiste. Les inégalités perdurent mais sont aussi renforcées par un milieu qui nie ces dernières, au nom de la promotion des qualités individuelles artistiques qui seraient innées, et non le fruit d’une éducation, et encore moins celui d’une construction sociale de genre. Depuis quelque temps, les femmes des milieux culturels s’organisent donc pour promouvoir la parité notamment dans le Mouvement H/F pour l’égalité dans l’art et la culture. Cette association est inédite dans un milieu marqué par une individualisation de salariéEs soumisEs à des contrats précaires, des stages à répétition, le régime de l’intermittence qui vise à mettre en concurrence les travailleurEs. Pour le moment, l’objectif est d’interpeller les pouvoirs publics. Mais face aux plans d’austérité en préparation qui n’épargneront certainement pas les institutions culturelles, ce mouvement devra trouver probablement d’autres voix à la lutte pour l’égalité des femmes.Léa
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