En 1915, chacun prend conscience que la guerre ne se soldera pas par une campagne courte mais fait basculer le monde dans une barbarie d’une horreur jusque-là impensable.
Afin de trouver une solution à l’enlisement de leurs armées dans les tranchées, les puissances impérialistes mettaient alors au point une nouvelle industrie de la mort, à l’exemple des gaz de combat, utilisés pour la première fois en mars 1915. Loin d’offrir une solution militaire, ces nouvelles armes n’apportaient qu’un surcroît de cruauté à une guerre qui prenait de plus en plus l’allure d’une vaste boucherie.
Pour débloquer la situation, les puissances impérialistes s’attachent aussi à ouvrir de nouveaux fronts, en imposant aux États jusque-là neutres de participer à la guerre, ce qui amena l’Italie (mai 1915), la Bulgarie (octobre 1915) puis le Portugal (mars 1916) à entrer dans le conflit. La guerre impérialiste étendait aussi ses ravages dans le monde entier, de l’Afrique au Proche-Orient, jusqu’à l’Extrême-Orient.
Femmes révolutionnaires...
La légèreté et la résignation qui avaient permis en août 1914 le départ en masse pour le front faisaient désormais place à l’hébétement face à la froide bestialité d’une guerre totale. Rosa Luxembourg écrit alors : « La scène a changé fondamentalement. La marche des six semaines sur Paris a pris les proportions d’un drame mondial ; l’immense boucherie est devenue une affaire quotidienne, épuisante et monotone, sans que la solution, dans quelque sens que ce soit, ait progressé d’un pouce. »
Pour la poignée de militantEs révolutionnaires, la période permettait de relever la tête et de poser les bases d’une opposition à la guerre. Ayant échappé à la mobilisation de masse, les femmes y jouèrent un rôle central. Le 8 mars 1915, Alexandra Kollontaï organisa à Christiania près d’Oslo, une manifestation des femmes contre la guerre, tandis que Clara Zetkin parvint à organiser en avril 1915 à Berne une conférence de femmes contre la guerre qui réunit 70 déléguées socialistes.