Le 20e anniversaire de la mort de Mitterrand (disparu en 1995) a vu le Premier ministre Cazeneuve se rendre sur sa tombe le 8 janvier et faire son éloge : « une figure, un symbole, un précurseur qui aujourd’hui encore nous montre le chemin ». Le même jour, Manuel Valls à Liévin s’est lui aussi placé sous le patronage de l’ex-président. Rien d’étonnant à ce que la « gauche » sociale-libérale en perdition se raccroche à un tel personnage.
Cet aventurier de la politique qui avait navigué entre droite et gauche, alors que le vieux parti socialiste SFIO s’était effondré à 5 % des voix à la présidentielle de 1969, avait réussi à reconstruire en 1971 un parti socialiste rénové, s’appuyant sur une union avec un PCF peu à peu réduit à une force d’appoint. Arrivant au pouvoir en 1981, pendant un peu plus d’un an, il avait gouverné sur la base du programme commun de gouvernement pour ensuite, à partir de mars 1983, faire un tournant vers l’austérité et la libéralisation de l’économie. Tout au long de sa carrière, Mitterrand a fait preuve d’un machiavélisme politicien et d’une prédilection pour les aspects policiers du pouvoir… Cela sans parler de ses manœuvres, comme ouvrir à Le Pen (0,18 % des voix aux législatives de 1981) l’accès aux grandes émissions de télévision...
L’affaire devrait être entendue : Mitterrand est un politicien sans principe qui a cautionné la monarchie présidentielle après l’avoir dénoncée, qui a engagé le tournant néolibéral après avoir proclamé vouloir « changer la vie »… Mais la nostalgie mitterrandienne déborde au-delà du PS : « c’était un bonheur de travailler avec le vieux comme chef de meute », proclamait Jean-Luc Mélenchon début 2016, comparant Mitterrand et Jaurès, et amalgamant les critiques venues de la droite et de l’extrême gauche.
Pour nous, les choses sont évidentes : c’est radicalement une autre voie qu’il faut adopter. Mai 1968 doit plus nous inspirer que mai 1981...