Publié le Mercredi 7 février 2018 à 15h30.

Il y a 50 ans, 1968 : les Comités d’action lycéens (CAL)

Pendant la guerre d’Algérie, des actions (et affrontements avec l’extrême droite) avaient eu lieu dans les lycées, mais c’est à partir du milieu des années 1960 qu’est affirmé un mouvement spécifique avec la formation des Comités d’action lycéens (CAL).

Naissance 

Les CAL sont nés de la confluence de groupes de militantEs politisés et de militantEs d’organisations confessionnelles, dans un contexte de mutations profondes du système scolaire. 

La crise qui affecte l’UEC en 1965 atteint les cercles lycéens du Mouvement des jeunesses communistes (MJCF). Les « oppositionnels » lycéens – avant d’être mis à la porte – mènent campagne pour la mixité des cercles – la plupart des lycées sont à l’époque non mixtes –, une autre presse, « l’éducation théorique » et la critique d’un MJCF plutôt « patronage » que mouvement politique d’avant-garde. Les exclus forment des comités Vietnam lycéens (CVL) s’affiliant au Comité Vietnam national (CVN). Les crises frappent aussi la Jeunesse étudiante chrétienne et les protestants de l’Alliance des équipes unionistes. Avec des jeunes issus de l’éducation populaire, ils convergent sur la -liberté d’expression et la condition lycéenne.

Le 13 décembre 1967, dans 6 lycées parisiens, les militantEs entraînent dans la grève une majorité des classes de terminale et défilent avec l’UNEF dans une manifestation intersyndicale contre les ordonnances sur la Sécurité sociale. À la suite de cette journée, et de tensions avec l’administration, naissent plusieurs CAL. C’est d’abord à Jacques-Decour que les militants « pablistes » ont – avec des militants protestants – l’idée de créer une structure spécifique d’action lycéenne, suivis par les Jeunes anarchistes communistes, puis la JCR. Un bulletin est édité, Liaisons. Les thèmes : la liberté d’expression contre le « lycée-caserne », puis les questions pédagogiques et la sélection. Les CAL, refusant de se fondre dans l’UNEF, participent aux initiatives prises par l’UNEF et le SNESUP sur les questions scolaires. À la veille de mai, il y a une cinquantaine de CAL, dont une moitié en province.

Les CAL en mai 1968

Après la manifestation étudiante du 3 mai, l’AG des CAL réunie le 5 appelle à la mobilisation générale. Durant toute la semaine, la mobilisation lycéenne va crescendo. Lundi 6 mai, dans Paris, des cortèges de lycéenEs se forment, passant d’établissement en établissement. Le 10 mai ces micro-manifestations convergent en un cortège de 10 000 jeunes rejoignant les étudiants à Denfert-Rochereau. C’est la « nuit des barricades ».

Le sigle CAL est adopté partout, désignant une AG, un comité de grève  ou un groupe. Dans 400 lycées -occupés, des commissions se constituent pour organiser l’occupation (information, liaisons avec l’extérieur, service d’ordre, intendance….) mais aussi la discussion. Le bureau national des CAL a regroupé des cahiers de revendications, des rapports, des journaux émanant de 250 lycées et en livre une synthèse à la rentrée de septembre : Les lycéens gardent la parole.

Robi Morder

À paraître : Didier Leschi et Robi Morder, Quand les lycéens prenaient la parole, Syllepse.

Pour aller plus loin, sur le site du Germe : « Les comités d’action lycéens ».