À l’occasion du congrès du Parti travailliste, qui s’est achevé le 27 septembre, nous publions le point de vue de nos camarades de Socialist Resistance.
Après un été durant lequel le dirigeant travailliste Jeremy Corbyn a dû faire face à d’incessantes attaques venues de la droite du parti et des médias, le congrès du Parti travailliste a été pour lui un véritable triomphe. Les engagements et les décisions des déléguéEs vont déboucher, lors des prochaines élections générales, sur un programme encore plus radical que celui de 2017.
Sur les questions de santé, d’éducation, de logement, de nationalisations, d’aides sociales, mais aussi de lutte antiraciste ou en solidarité avec les PalestinienEs, le congrès s’est accordé sur un programme profondément anti-austéritaire, antiraciste et internationaliste.
Tout cela dans une atmosphère très positive, avec des interventions fortes de déléguéEs dénonçant l’implacable réalité de la Grande-Bretagne de Theresa May et leur détermination à lutter pour l’élection de Corbyn au poste de Premier ministre.
En finir avec l’ère Blair
Sous la direction de Tony Blair, le Parti travailliste avait développé des politiques réactionnaires sur la plupart des questions. La participation britannique à la guerre d’Irak a été un paroxysme, et s’est accompagnée de politiques intérieures en phase avec le néolibéralisme. Des décisions en partie permises par des changements des structures internes du parti, et par destruction de la souveraineté démocratique du congrès, devenu un show médiatique et non un lieu où les membres du parti prenaient des décisions politiques. Mais le congrès de l’année dernière avait lancé un chantier démocratique, dont l’objectif était de traduire et codifier d’un point de vue organisationnel le déplacement du parti vers la gauche, notamment l’augmentation spectaculaire du nombre de ses membres, en approfondissant les mécanismes démocratiques.
Le chantier était vaste, et le congrès a pris un nombre important de décisions cruciales. En particulier le renforcement ou la mise en place de structures pour les femmes, les raciséEs, les LGBT, les jeunes, les handicapéEs… Le congrès lui-même sera désormais organisé autour de résolutions venues des militantEs, et non des députés, des conseillers et du « Shadow Cabinet » qui avaient jusqu’alors tout le pouvoir.
Il y a des limites à ces progrès. Ainsi, les demandes de changement de la procédure pour désigner les instances locales – véritables bastions de l’aile droite et parlementaire du Parti travailliste – n’ont pas été examinées, pour des raisons inconnues.
Le Brexit en débats
Le Brexit a fait l’objet d’une discussion centrale lors du congrès. Cette question est complexe, pour les membres du parti comme pour la direction. La grande majorité des membres du parti ont soutenu le « remain » lors du référendum, mais il y avait une forte majorité favorable au « leave » dans de nombreuses franges de l’électorat traditionnel du Parti travailliste, notamment dans les catégories ayant le plus souffert des ravages de la désindustrialisation. Corbyn a été, à juste titre, prudent, et a évité de faire preuve de mépris à l’égard de ces catégories en refusant de prendre position de manière précipitée en faveur d’un nouveau référendum. Mais, tenant compte des divisions croissantes au sein du Parti conservateur et du risque de crise constitutionnelle si le Parlement votait contre les différentes options proposées [pour le Brexit], le congrès a très majoritairement adopté une position inédite quant à un second référendum : une élection générale reste l’option privilégiée, mais un nouveau référendum – et la défense du « remain » – n’est plus exclue.
Avec un leader en confiance et des militantEs enthousiastes, la perspective d’une victoire de Corbyn semble désormais à portée de main.
Veronica Fagan, traduction J.S.