Si le mariage pour tous est honni par la frange la plus réactionnaire de la population, les mobilisations organisées par la « manif pour tous » annoncent les noces d’une partie de la droite avec le FN. Copé a beau claironner qu’il n’y aura aucune collusion entre son parti et l’extrême droite, la radicalisation dans la rue d’une partie de son électorat sur le terrain de l’homophobie, crée les conditions d’une recomposition dont les coordonnées lui échappent. Dimanche 21 avril, la présence du député FN Collard au premier rang de la manifestation des « anti-mariage », les embrassades de Barjot et l’absence de réaction des députés UMP et UDI présents, montrent que les rapprochements sont à l’œuvre.Comment s’étonner des accommodements actuels alors que la campagne de Sarkozy, faites de clins d’œil appuyés aux idées réacs et au FN, a libéré une partie du peuple de droite d’une certaine réserve gagnée par les mobilisations ouvrières antérieures ? Sur fond de crise du système capitaliste, de crise sociale et politique, et d’effondrement des économies, la défaite de la droite lors des dernières élections a ouvert la voie à une redéfinition des contours des partis bourgeois. La guerre Fillon-Copé pour le leadership de l’UMP témoigne, au delà de la lutte des places, de la recherche d’une nouvelle perspective de domination. Sans doute qu’une partie du camp bourgeois envisage une réponse autoritaire aux résistances suscitées par l’offensive de la troïka contre les classes populaires. Les tentatives de division de notre camp social, au travers des attaques contre les LGBTI et par le développement du racisme et de l’islamophobie, en préparent le terrain.Si nous ne savons pas encore la forme précise que ces liaisons dangereuses prendront dans le futur, le premier effet en est la multiplication des agressions homophobes. Ne doutons pas que l’étape suivante verra des groupes excités s’en prendre aux immigréEs en général et aux musulmanNEs en particulier. Les défaites accumulées, la politique libérale du gouvernement sur le terrain social comme ses renoncements sur celui des valeurs, nourrissent cette offensive. Il y a donc urgence à reprendre la rue pour que s’exprime une perspective de rupture qui ne soit pas qu’un éphémère coup de balai.
Côme Pierron