Le 13e congrès d’Alternative libertaire s’est déroulé les 3, 4 et 5 juin derniers à la Manufacture des Tabacs à Nantes. Il a réuni pas moins d’une centaine de déléguéEs venant des différents Collectifs pour une Alternative libertaire (CAL) présents sur l’ensemble du territoire.
Née en 1991, l’AL a maintenant 26 ans. Elle est le produit de la fusion entre l’Union des travailleurs communistes libertaires (UTCL) et du Collectif des jeunes libertaires (CJL). L’objectif était alors une recomposition du mouvement communiste libertaire, dans le but de le fédérer et lui donner une plus grande lisibilité politique.
Aujourd’hui, l’organisation compte près de 400 adhérentEs, implantés dans une vingtaine de villes environ, regroupés dans les CAL. Les militantEs d’AL sont investis sur de nombreuses luttes. Le congrès a par ailleurs été l’occasion de faire le bilan de deux années d’interventions dans le cadre du mouvement social, contre l’offensive sécuritaire, sur le champ de la solidarité internationale, sur les fronts écologique et culturel, mais également contre le racisme et le sexisme.
Le NPA était l’une des nombreuses organisations invitées à ce congrès et sollicitées pour intervenir. Nous avons notamment rappelé qu’il existe de nombreux points de convergence entre nos deux organisations : l’analyse de la crise sociale, économique, écologique du capitalisme, la nécessaire rupture avec ce système par un mouvement basée sur l’auto-organisation des travailleurEs. Les questions électorales restent le désaccord majeur.
Perspectives difficiles
Ce sont les questions écologiques qui ont ouvert le bal de ce congrès par une réflexion de fond intitulée « L’humanité au sein du vivant ». Un débat riche qui a notamment mis en exergue la question antispéciste à travers la domination de l’homme sur l’animal et la nature. Pour l’AL, s’il y a nécessité d’une rupture fondamentale dans la façon d’imaginer le développement de l’humanité, et de fait son rapport à l’animal et à la nature, il n’est pas du rôle d’une organisation révolutionnaire de se prononcer sur de tels choix philosophiques.
Le congrès a évidemment été traversé par le bilan du mouvement contre la loi travail mais également marqué par la situation engendrée par l’état d’urgence, le renforcement de l’appareil d’État et de la répression, avec une réflexion sur les réflexes à adopter face à une répression croissante et la préparation morale et matérielle que cela implique.
Comme lors des congrès précédents, les congressistes sont une nouvelle fois revenus sur l’expérience des fronts anticapitalistes (résolution de 2008) auxquels des comités du NPA ont pu participer ici ou là. Actant que cette stratégie est épuisée, le texte d’orientation laisse quand même une voix possible pour l’expérimentation de cadres plus souples, plus ponctuels, adaptés à chaque situation.
Enfin, le texte d’orientation comme les débats de congrès expriment la difficulté de définir des perspectives dans la période. Le texte d’orientation, de l’appréciation des congressistes eux-mêmes, reste assez discret sur cet aspect. L’AL en reste donc à ce qui a été défini au congrès antérieur. Pour la grande majorité des militantEs, en l’absence de perspectives réelles, il faut privilégier l’auto-développement, la construction de l’organisation. Celle-ci doit notamment passer par la recherche d’une implantation dans les lieux de production, mais aussi tenter l’expérience de « penser différemment pour changer d’échelle » par un fonctionnement plus inclusif, plus accessible à la grande masse des salariéEs.
Sandra Cormier (NPA 44)
Les textes votés au congrès sont accessibles sur internet.