Lutte ouvrière a tenu son congrès mi-décembre à huis clos. Les textes adoptés ont été publiés dans le dernier numéro de Lutte de classe. Nous voudrions noter quelques points même si cela nous semble bien insuffisant au regard des besoins de la discussion.
Le fil conducteur de ce congrès est un souci d’auto-affirmation souligné dans le texte « Relever le drapeau de la lutte de classe du prolétariat ». Défendre les idées communistes révolutionnaires, lutter contre les pressions sociales, idéologiques, y sont au centre. Tous ceux qui défendent les idées du communisme, du marxisme connaissent ces pressions mais bien plus que de pratiquer la proclamation, peut-être que l’urgence est de donner à ces idées un contenu concret, pratique, un programme qui ne soit pas une simple référence proclamatoire mais bien l’actualisation de la perspective communiste face à un capitalisme financier en crise mondialisé.
Et on ne peut être que déçu de ne pas trouver dans le texte sur la crise de l’économie capitaliste des éléments de programme, d’une démarche transitoire, et surpris de la charge réservée à l’annulation de la dette. « Si cela est déjà arrivé quelquefois dans l’histoire récente du capitalisme mondial d’annuler certaines dettes, l’idée de généraliser cela est totalement utopique dans le cadre du système capitaliste… » Mais l’annulation de la dette n’est-elle pas un élément indispensable d’un programme pour un gouvernement révolutionnaire, un gouvernement anti-austérité ? Ou faut-il se contenter d’écrire qu'« une nouvelle organisation économique et sociale ne pourra émerger que de la destruction du capitalisme » ?
Une vision unilatérale
On retrouve cette façon unilatérale de poser les problèmes dans le texte sur la situation intérieure. LO note l’attention qu’il faut accorder à la crise du Front de gauche pour souligner, « il ne faut pas mettre l’accent sur l’ "indépendance" par rapport au PS, comme le fait le NPA. Sur ce terrain, Mélenchon est plus convaincant. Il faut toucher ceux issus du PC pour qui le mot "communisme" a encore sinon vraiment un sens, au moins une résonance. » Pour nous, la question est surtout de discuter de la nécessaire opposition au gouvernement autour d’un programme de défense des intérêts des travailleurs et des classes populaires.
On retrouve le même problème à propos des élections de 2014. « Même si une partie de ce que nous avons l’intention de dire sera ou pourrait être dit par le NPA, dans le contexte politique d’aujourd’hui nous tenons à mettre l’accent sur ce qui nous différencie, et pas sur ce qui nous est commun. Nous n’avons pas l’intention de noyer l’expression de ce que nous appelons sur nos affiches "faire entendre le camp des travailleurs" dans d’autres préoccupations, aussi dignes d’intérêt soient-elles, telles que l’écologie, la défense de minorités opprimées, le féminisme, etc. » Une façon pour le moins caricaturale de formuler nos désaccords, même s'il est positif que LO ait rompu avec l’orientation défendue lors des élections municipales de 2008, quand elle se retrouvait sur des listes d’union de la gauche, y compris avec le PS !Pourtant, on voit bien, quand LO écrit à propos des élections européennes « nous redirons que nous sommes contre les frontières nationales et les barrières protectionnistes qui morcellent l’Europe et son économie… », que nous aurions sûrement bien des choses à dire ensemble pour combattre les pressions réactionnaires qui s’exercent sur le monde du travail.
Yvan Lemaitre