Le processus présidentiel a vu tomber, les unes après les autres, toutes les têtes d’affiche de l’ancien bipartisme : Hollande, Sarkozy, Juppé, Valls, Fillon. Au second tour, Macron a remporté une victoire largement par défaut – avec les voix de seulement 43,61 % des inscrits, sans compter la majorité de ses électeurs qui déclarait vouloir d’abord faire barrage à Le Pen. Le voilà maintenant sur le point de se constituer une majorité écrasante à l’Assemblée nationale… plus que jamais par défaut.1
Une participation au premier tour des législatives de 48,71 % des inscrits, c’est en effet un record bas au plein sens du terme. Un record non seulement dans l’histoire de la Ve République, mais depuis qu’existent un suffrage universel (masculin jusqu’en 1945) et une comptabilisation nationale des résultats, autrement dit depuis 1848…
C’est dans le cadre de cette abstention massive et historique qu’au soir du 11 juin, les instituts de sondage prévoient de 400 à 450 députés (sur 577) pour La République en marche (REM), le mouvement crée par Emmanuel Macron en 2016 afin de porter sa campagne présidentielle.
Les enquêtes menées auprès des abstentionnistes font état de trois raisons ou motivations principales : cela ne changera rien à ma vie, je ne connais pas les candidats, je rejette ce système politique qui ne défend pas mes intérêts. Au-delà, on peut tirer sans doute deux conclusions de caractère plus général.
La première est que l’abstention massive parmi les électeurs non macronistes (les partisans de REM et du MoDem étant, quant à eux, allés aux urnes en nombre) constitue, au moins en partie, le dernier acte du « grand chamboule-tout » engagé à l’occasion des primaires de la droite et du PS puis de l’élection présidentielle – ou, pour reprendre l’expression de Mélenchon, du « dégagisme » visant les partis traditionnels… Avec ce paradoxe que deux des trois formations se présentant comme « anti-système » politique établi, le Front national et la France Insoumise, en ont cette fois été elles-mêmes victimes.
Les limites du macronisme
Il n’empêche, les 32,3 % de votes REM + MoDem exprimés le 11 juin font pâle figure au regard des 39,9 % obtenus en 2012 par le PS et ses alliés (EELV et PRG), sans parler des 45,6 % et 43,3 % recueillis par la droite, respectivement en 2007 et en 2002. Le gouvernement Macron-Philippe peut sembler aujourd’hui « écraser » la vie politique nationale, grâce à l’effet multiplicateur du mode de scrutin (les « Décodeurs » du Monde soulignent que si les élections s’étaient déroulées à la proportionnelle, les macronistes n’auraient obtenu que 186 députés), il reste celui qui dispose de la base sociale la plus étroite par rapport à tous ceux ayant précédé. Nécessairement, la contradiction entre l’existence d’une majorité parlementaire écrasante et le fait que celle-ci ne procède que du vote au premier tour de 15,39 % des inscrits (soit moins encore que les 18,19 % recueillis par Macron le 24 avril) va s’exprimer.
« Abstention partout, opposition nulle part », titre Libération le 12 juin. La seconde conclusion, certainement la plus importante, est qu’avec une opposition parlementaire réduite à la portion congrue (particulièrement en ce qui concernera les députés « de gauche »), la contestation de la politique du nouveau gouvernement du Medef n’aura pour s’exprimer que la rue. Ce qui, vu la violence antisociale de sa feuille de route ultra-patronale (voir, pages 21 à 24, l’analyse détaillée de Yann Cézard), ne devrait pas trop tarder.
Dans un entretien publié le 28 mai dans Le Parisien, le chef de file de la campagne LR-UDI, François Baroin, estime que « le risque » est « d’avoir très vite des manifestations type Nuit debout et jour couché ! On est vraiment sur une poudrière. La France est fracturée, radicalisée sur certains points. Près d’un Français sur deux était prêt à choisir entre le chaos – Le Pen – et l’anarchie – Mélenchon. Il y a un risque social majeur, plus élevé que ce que l’on a jamais vécu. » On lui laissera la responsabilité de ses formulations, mais sur le fond, le diagnostic est on ne peut plus pertinent.
Mais Macron peut aussi rencontrer d’autres difficultés. REM s’engage seulement dans la construction d’un véritable appareil politique, nécessaire à l’exercice du pouvoir, et il est permis de s’interroger sur les capacités de son noyau dur à contrôler les « néophytes de la société civile » qui, pour l’instant, ne sont unis que sur de vagues aspirations à « transcender les clivages traditionnels » de droite et de gauche, autour de la personnalité du président et de son « sans faute » médiatique des premiers jours.
Reste enfin à voir comment « La République en marche » va s’organiser. Aujourd’hui, elle ne dispose d’aucune structure élective ou même vaguement démocratique. La désignation des candidats aux législatives, c’est-à-dire ce que qui compte le plus dans une formation électorale, a ainsi été le fait d’une « commission d’investiture » aux règles inconnues (si elle en avait) et ne rendant de compte à personne hors Macron lui-même, le Grand Manitou (certains disent « Jupiter ») appelé à donner son onction et à trancher en cas de problème.
De ce point de vue, le fonctionnement verticaliste de REM ressemble beaucoup à celui de la France Insoumise – avec un agrégat d’individus réunis autour d’un projet porté et incarné par le Chef charismatique. Il est d’ailleurs frappant de constater à quel point les trois forces politiques dont on dit qu’elles auraient vocation à réorganiser le champ politique se basent toutes sur les mêmes mécanismes bonapartistes, décalqués de ceux de la Ve République. Que seraient REM sans Macron, la FI sans Mélenchon, le FN sans « Marine » ?
Le macronisme va donc, très probablement, s’imposer largement à l’issue de cette séquence électorale. Mais sa victoire sera-t-elle durable, parviendra-t-il à restructurer le champ politique sur le long terme, en occupant une place « centrale » qui ne serait contestée qu’à la marge par des « extrêmes » de droite et de gauche ? C’est possible, mais loin d’être assuré. D’autant que si toutes les autres formations sont à des degrés divers en crise, la plupart (pas le Parti socialiste) conservent certaines possibilités de rebond.
La droite touchée – bientôt coulée ?
La droite LR-UDI a démontré une résilience certaine à l’élection présidentielle, où Fillon est arrivé en troisième position et n’a été finalement éliminé que de peu, malgré l’immense scandale du « Penelopegate ». De même, ensuite, au premier tour des législatives (avec 21,56 % des exprimés), bien que le Premier ministre et les deux ministres en charge de Bercy soient issus de ses rangs.
Il reste qu’avec un gouvernement qui est tout aussi fidèle que la droite veut l’être aux intérêts du patronat et des riches, celle-ci a maintenant un immense problème d’espace politique. En témoigne le débat des législatives où, pour parvenir à se différencier du macronisme, elle se voit contrainte de formuler une critique… de gauche, en s’opposant à la hausse programmée de la CSG décrite comme « injuste ».
S’y ajoute le fait qu’après le passage à la trappe de tous ses grands dirigeants (Sarkozy, puis Juppé, puis Fillon), la droite est confrontée à un sérieux problème de leadership – Baroin fait le job, mais n’enthousiasme personne.
Et surtout, entre ses « centristes » ou « modérés », dont beaucoup lorgnent du côté de Macron, et ses « ultras » type Wauquiez ou Ciotti, elle demeure politiquement très divisée. Comme c’est le cas au PS, il lui faut maintenant choisir entre trois options : s’opposer au gouvernement, le soutenir en entrant donc dans sa majorité, ou bien décider au coup par coup sur les textes soumis à l’Assemblée et les autres initiatives gouvernementales. Sur les quelque 100 députés que LR et l’UDI pourraient sauver, une trentaine au moins seraient prêts à voter la confiance au gouvernement.
Ce sera un moment clé. Un éclatement des positions pourrait entraîner la formation de deux groupes parlementaires distincts, un pas qui en principe débouche sur une scission. Edouard Philippe multiplie paraît-il les réunions avec ses amis de LR. Tout indique qu’après avoir réduit le PS à l’impuissance, le couple exécutif a maintenant décidé de « s’occuper » de la droite…
Le Front national, à son tour en crise
Les secousses que connaît le FN, avec notamment la mise en retrait de Marion Maréchal-Le Pen, les déclarations de Florian Philippot selon lesquelles il s’en ira si le parti abandonne la sortie de l’euro, suivies de la constitution de son propre regroupement (« Les patriotes »), ont été déclenchées par ce que ses membres eux-mêmes considèrent comme un échec électoral.
Le FN espérait placer Marine Le Pen en tête au premier tour, en approchant de la barre des 30 %, elle ne s’est qualifiée que de justesse avec 21,3 % ; il visait 40 % au second tour, mais a dû se contenter d’un décevant 33,9 %. Et les choses ne se sont pas arrangées aux législatives, où le parti d’extrême droite a perdu, par rapport à 2012, en pourcentage (13,2 % contre 13,6 %) comme en voix (avec un recul de plus d’un demi-million). Adieu donc le rêve d’un groupe parlementaire, les études d’entre deux-tours ne créditant le FN que de 1 (probablement alors, Le Pen elle-même) à 5 députés.
La faute, pour une part, à une campagne qui a sur la fin sérieusement dérapé, menaçant même les résultats d’années de travail de « dédiabolisation ». Le débat télévisé avec Macron a été spécialement désastreux. Marine Le Pen s’y est non seulement emmêlée dans ses fiches, en dévoilant aux yeux de supporteurs ébahis une incompétence notable, mais elle a voulu faire du Trump, en agressant et invectivant son adversaire comme celui-là le faisait avec Hillary Clinton . Mais outre que Trump n’est pas très aimé ici, la France n’est pas les Etats-Unis. Malgré la crise de représentation, le rejet des partis de l’alternance, voire du fonctionnement des institutions, elle reste un pays beaucoup plus « politique », dans lequel ce type de comportement, pour une grande majorité, ne passe pas.
Plus généralement, Le Pen et le FN se sont trouvés pris dans la contradiction de leur propre discours qui, pour toucher en même temps leurs deux cibles électorales prioritaires (d’un côté le secteur le plus réactionnaire de la petite et moyenne bourgeoisie, de l’autre une partie des classes populaires assommées par la crise), a multiplié les grands écarts. Comment prétendre à la fois défendre les travailleurs et libérer les patrons de leurs « charges » ? Mais le hiatus le plus évident a concerné la sortie de l’euro, personne ne comprenant rien aux explications frontistes sur la superposition de deux monnaies, l’une de compte et l’autre pour l’usage courant, tandis que le patronat unanime réaffirmait sa désapprobation. Certes, le discours raciste et anti-immigrés joue toujours son rôle identitaire et de « liant », mais il ne saurait suffire.
Le traitement de ces problèmes a été repoussé à l’après-législatives, une période qui risque d’être marquée par une exacerbation des tensions et contradictions. D’un côté le populisme anti-Union européenne de la « ligne Philippot », de l’autre les partisans d’un recentrage sur des positions de droite extrême qui seraient compatibles avec un secteur de la droite (mais aucun « fascisme », ni d’un côté ni de l’autre, parce qu’il n’y a pas aujourd’hui en France de conditions pour un projet fasciste). La Cheffe aura-t-elle les moyens, sera-t-elle capable d’imposer à nouveau une « synthèse » ? Elle va en tout cas aborder ce débat affaiblie, même si son élection à Hénin-Beaumont pourrait lui apporter un peu d’air frais.
Parti socialiste : « pasokisation » ou simple éclatement ?
La question du PS étant traitée en détail ailleurs dans cette revue (article de Régine Vinon, pages 25 à 27), on se limitera à quelques lignes. D’abord pour souligner que le premier tour des législatives a confirmé la bérézina en cours. Alors que les projections pour le second tour ne créditent pas le PS de plus d’une trentaine de députés, l’élimination dès le premier tour de l’ancien candidat à la présidence, Benoit Hamon, et l’écrasement (9 % des voix !) du premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, dans la circonscription très à gauche de la capitale qu’il avait représentée à l’Assemblée nationale pendant 25 ans, sont hautement symboliques.
Du point de vue de l’appareil, les conséquences sont évidemment catastrophiques. Ce ne sont pas seulement près de 300 députés qui vont « perdre leur travail » mais, avec le plan de super-austérité qui va devoir être appliqué, des centaines voire milliers d’attachés parlementaires et de permanents. Le siège de Solférino serait d'ailleurs bientôt mis en vente. Or, s’il n’y a plus d’appareil, qu’est-ce qui pourrait pousser des socialistes aux positions souvent diamétralement opposées à demeurer ensemble ? Et comment continuer avec un parti d’élus qui n’aurait plus d’élus ?
Dans cette situation, la question est de savoir si, comme dans le cas du PASOK en Grèce, il restera après l’effondrement un tronc commun plus ou moins large ou si le PS va simplement disparaître après avoir explosé en plusieurs morceaux.
Les macronistes ou Macron-compatibles qui ne sont pas encore partis (il en reste un bon nombre) hésitent entre s’en aller rejoindre REM ou constituer une force d’appoint post-socialiste à la majorité présidentielle. « Les résultats des socialistes doivent être regardés avec lucidité et il faudra en tirer toutes les conclusions au lendemain du second tour, pour rebâtir la gauche de gouvernement sur des bases saines et rénovées », a déclaré l’un d’entre eux, l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve.
De leur côté, les hamonistes affirment vouloir maintenir et refonder un PS recentré sur ses « valeurs », donc débarrassé de ceux qui soutiennent ou soutiendront le gouvernement Macron-Philippe. Dans leur idée, une telle formation irait d’eux-mêmes jusqu’à Cambadélis en passant par Martine Aubry, Anne Hidalgo, Najat Vallaud-Belkacem... Resterait alors à entreprendre une cure d’opposition, tout en espérant dans un essoufflement ou une crise du mouvement de Mélenchon – qui par définition, n’entend ni ne peut s’allier à quiconque au sein d’une même formation politique.
La suite bientôt… avec dans tous les cas des jours agités.
Les problèmes de Mélenchon
Le projet et la « philosophie politique » de Mélenchon et de sa France Insoumise (FI) font l’objet de deux textes de ce dossier (articles de Marie-Hélène Duverger et Régine Vinon, pages 28 à 30)2. Ce que l’on peut ajouter sur la base des premiers enseignements des législatives, c’est peut-être une réflexion sur les contradictions qui les travaillent.
Jean-Luc Mélenchon a eu un premier gros problème au soir du 23 avril. Il s’y voyait déjà, s’y voyait tellement (après avoir poussé à l’extrême l’idée de « la gagne », inaugurée par les antilibéraux de l’avant-présidentielle de 2007 et reprise par le Front de gauche en 2012) que son élimination, pourtant logique dans les conditions de rapports de forces électoraux qui prévalaient, a semblé le tétaniser en le rendant plus amer et agressif que jamais – là aussi, en sapant des efforts sinon de « dédiabolisation », du moins destinés à le faire apparaître sous un jour plus avenant.
Mélenchon et son équipe se sont cependant repris avant les législatives, mais ils se sont alors trouvés confrontés à un deuxième problème : la campagne présidentielle avait été si personnalisée (et personnaliste) que les candidats FI aux législatives, dans leur grande majorité, s’avéraient incapables de se hisser à la hauteur électorale du Chef. Résultat, la FI a beaucoup perdu par rapport à la présidentielle – près de huit points, tout comme le Front national. La France Insoumise aura des élus (dont probablement Mélenchon), peut-être même un groupe parlementaire avec le renfort de quelques députés PCF, mais beaucoup moins que ce qu’elle espérait au départ.
C’est toutefois maintenant, à l’issue de la séquence électorale et de l’enthousiasme qu’elle a suscitée dans une formation fondamentalement électoraliste, que la principale difficulté va se présenter. La France Insoumise a été mise en place d’en haut comme un « mouvement » non ou anti-parti, tout dévoué à la vocation présidentielle du Chef, sans aucune structure d’élaboration et de débat démocratiques. Mais si elle veut se pérenniser, elle sera obligée de mettre en place un type d’organisation collective laissant aux militants des possibilités de s’exprimer.
Aucune formation, pas même le FN, ne peut fonctionner en suivant la seule parole du Chef. Même les partis staliniens organisaient des congrès, certes absolument contrôlés, totalement antidémocratiques, mais qui dans leur cas permettaient de mesurer à un moment donné des rapports de forces intra-bureaucratiques. En Espagne, Podemos a comme la FI une base idéologique populiste et des conceptions organisationnelles verticalistes, mais des opinions différentes peuvent s’y exprimer et son deuxième congrès a même donné lieu à la formation de trois tendances.3
Rien de tel dans la France Insoumise. Ni congrès, ni orientation discutée et votée collectivement, ni même direction élue – le Chef nommant de sa propre autorité son équipe rapprochée. Or une forme politique pérenne ne peut être qu’une structure collective autorisant des débats, ayant des congrès avec des délégués et des dirigeants élus. Ce qui implique nécessairement d’accepter que puissent s’exprimer des opinions différentes voire dissidentes (même si au Parti de gauche, prédécesseur de la FI et qui, lui, tenait des congrès, la direction avait l’habitude de couper toutes les têtes qui dépassaient).
Cette question de la pérennité et donc de la structuration – démocratique ou non – est la grande question posée aujourd’hui à Mélenchon et à son équipe. S’ils ne parviennent pas à lui trouver une réponse un peu cohérente, leur « mouvement » risquera assez vite de s’évaporer.
PCF, la descente aux enfers continue
Avant de conclure, quelques mots sur la situation du Parti communiste français. La tactique mélenchoniste du « casse-noix » a fonctionné avec le PS, qui s’est effectivement retrouvé broyé entre les deux mâchoires Mélenchon et Macron de la tenaille. Mais elle a également donné des résultats avec le PCF, incapable de définir une politique claire par rapport à la présidentielle – un vote serré de ses militants ayant décidé de soutenir le candidat de la FI, en désavouant la position majoritaire de la direction.
Les comparaisons avec 2012 sont difficiles (puisque les candidats PCF se présentaient alors sous l’étiquette Front de gauche), mais une certitude est que la dégringolade électorale de ce parti se poursuit. 6,91 % au premier tour de 2012 pour le Front de gauche (avec une grande majorité de candidats communistes), et dix députés élus dont neuf membres du PCF, mais seulement 2,72 % pour les candidats du PCF en 2017 ; la future représentation parlementaire de ce parti – si importante à ses yeux – risquant d’être réduite de moitié, si ce n’est plus.
Contradictoirement, ce parti reste celui qui conserve le plus de militants dans les grandes entreprises ainsi que dans certains quartiers populaires – mais de plus en plus divisés et de moins en moins influents dans les organisations syndicales. Le déclin se poursuit irréversiblement et la question de la survie est, là aussi, posée.
Construire enfin un parti des travailleurs ?
L’extrême gauche (Lutte ouvrière au niveau national, ainsi que le POID dans 64 circonscriptions et le NPA dans 27) a fait nationalement aux législatives un score faible (0,77 %, contre 1,73 % à la présidentielle pour Philippe Poutou et Nathalie Artaud), mais qui traduit la persistance d’un courant de lutte de classe et révolutionnaire.
Alors que la vieille « gauche » est en train de s’étioler ou d’imploser, ou comme la France Insoumise de préparer les conditions d’une explosion future, alors que dans le même temps la mobilisation et la radicalisation sociales s’accentuent et s’étendent, les révolutionnaires ont plus que jamais la responsabilité de proposer une alternative : un grand parti des exploités et des opprimés, indépendant et opposé à toutes les solutions de collaboration de classes, qui serve à la fois pour faire avancer nos luttes quotidiennes et pour développer une perspective de société alternative, fondée sur la socialisation, l’appropriation collective de l’économie et de la vie publique.
« Vaste programme », certes. Mais il n’y en a pas d’autre viable et c’est maintenant qu’il faut se mettre à la tâche.
Jean-Philippe Divès
- 1. Cet article – le seul dans ce numéro – a été bouclé au lendemain du premier tour des élections législatives.
- 2. On peut y ajouter une invitation à lire le récent post de Vincent Présumey sur son blog de Mediapart, https ://blogs.mediapart.fr/vincent-presumey/blog/070617/quelques-reflexions-sur-la-france-insoumise. Ecrit d’un point de vue « gauche du PS », et contestable dès qu’il s’agit de la social-démocratie, ce texte comporte sur la France insoumise des analyses et observations extrêmement aiguës et utiles.
- 3. Voir Antoine Rabadan, « Ce que Podemos a pu : éviter la scission. Pas réorienter sa stratégie ! », revue l’Anticapitaliste numéro 86 d’avril 2017.