Publié le Samedi 22 octobre 2011 à 12h54.

Tribune position B. Une situation ouverte

Si la rentrée sociale en France n’est pas à la hauteur des enjeux, au-delà de la grève réussie des enseignants le 27 septembre, il est manifeste que la société est travaillée par de fortes tensions et animée par des débats de fond, produits par la crise.

Il faut donc tenter d’articuler entre eux les différents éléments de la situation, l’accélération de la crise économique, notamment en Europe, les difficultés des révolutions arabes (notamment en Syrie) comme expression des contradictions de la situation mondiale et, en contrepoint, la dynamique désormais planétaire du mouvement des « Indignés », avec ses limites.

Les crises, économique et écologique, produisent de la peur, de l’angoisse, mais aussi une volonté de prendre ses affaires en main, de donner à la revendication démocratique un contenu radical. Nul ne sait ce qu’il adviendra du mouvement des Indignés, tant il semble spontané. Mais cette question-là demeurera essentielle. Elle se posera avec force dans les mobilisations contre le G20. Il nous faut politiser et radicaliser cette revendication démocratique, notamment en démontrant notre solidarité à l’égard des peuples qui luttent aujourd’hui contre leur dictateur et en menant une campagne internationaliste et unitaire résolue sur la question de la dette.

Nous n’avons pas fini de mesurer les effets des crises (la panique des capitalistes en fait foi !), et nul ne peut prévoir la profondeur de leur dynamique destructrice. Il est un peu tôt pour parier sur une repolitisation massive. Existe-t-il une place, en temps de crise, pour un nouveau mouvement de type altermondialiste, internationaliste, né du déplacement au Nord de la crise de la dette ? On doit pouvoir parier cependant que les mobilisations à venir n’épouseront pas les formes traditionnelles. Il faudra y puiser les forces et la compréhension de la situation nécessaires pour actualiser notre projet écosocialiste, le rendre visible et le mettre en débat.

Le retard français côté Indignés s’explique notamment par le fait que les effets de l’austérité et de la crise de la dette se font pour l’instant moins sentir qu’ailleurs, le poids de la défaite de l’automne 2010 et une situation politique dominée par la fin de règne de Sarkozy. La perspective de l’élection présidentielle tend à corseter et canaliser les mobilisations. Au point que les primaires socialistes occupent le terrain, et d’un certain point de vue la place du mouvement des Indignés dont la dynamique initiale était pourtant plutôt anti-institutionnelle. On y retrouve pourtant, outre la force du rejet de Nicolas Sarkozy, la revendication démocratique de peser sur les choix politiques, y compris, ici, par les urnes.

On aurait tort d’opposer les deux. Un mouvement des Indignés en France ne se dédouanerait pas de la nécessité d’en finir avec la droite et le sarkozysme. Mais pourquoi ne pas interpeller dès aujourd’hui les forces à la gauche du PS, pour poser avec force l’exigence que nous portons, celle de l’impossibilité de gouverner avec un Parti socialiste dont le candidat, désormais investi, assume sans ambigüité son social-libéralisme, sa volonté de cogérer la crise au bénéfice des capitalistes ? Il s’agit de poser les jalons d’un bloc anti-crise, d’une opposition de gauche, sociale et politique, à la politique d’austérité que mènera le PS s’il parvient au pouvoir. C’est ce que devrait proposer une gauche de combat pour peser dans la situation.

Marie-Do Bartoli, Myriam Martin, Guillaume Liégard, Flavia Verri, le 17 octobre 2011.

La position B tiendra une réunion nationale les 5 et 6 novembre. Pour toutes informations, contacter : npa.positionB@gmail.com