Depuis plus de cinq semaines, une vingtaine de jeunes mineurEs isoléEs ont installé un campement devant la préfecture de Rouen, soutenuEs par des syndicats, des associations, des collectifs citoyens et de nombreuSEs bénévoles. Face à l’abandon des institutions — préfecture, département, rectorat — ces jeunes mènent une lutte déterminée pour faire valoir leurs droits élémentaires : être scolariséEs, logéEs dignement et avoir accès aux soins.
Après une manifestation réussie le 10 mai, ponctuée de concerts de soutien, une délégation a été reçue à la préfecture le 12 mai, sans résultat. Le rectorat a fini par recevoir une délégation du collectif et de l’intersyndicale. Cinq jeunes ont été scolariséEs, uniquement parmi celles et ceux pris en charge par l’ASE (Aide sociale à l’enfance) ! L’Éducation nationale s’obstine à conditionner l’inscription scolaire à la présence d’un tuteur légal alors que cela n’a rien d’obligatoire.
Des cours symboliques ont été organisés devant le lycée Sembat à Sotteville, attirant une large couverture médiatique. Le message à la rectrice est clair : « Ces jeunes ne devraient pas être à l’extérieur, mais à l’intérieur du lycée ! » Une nouvelle manifestation a rassemblé près de 300 personnes le samedi 25 mai.
Des refus arbitraires et une absence de protection
Le lundi 2 juin, une audience a eu lieu au Conseil départemental avec une délégation composée d’un jeune mineur, de sa personne accompagnante, de représentantEs des associations RSM (Réseau de solidarité avec les migrantEs) et RESF (Réseau éducation sans frontières) et de l’intersyndicale de la protection de l’enfance. Cette délégation a dénoncé les évaluations biaisées qui refusent la reconnaissance de minorité à la majorité des jeunes, niant la validité de leurs documents et leur identité.
Plus d’un jeune sur deux est pourtant reconnu mineur par le juge des enfants après recours. Le collectif a démenti l’information propagée par le département selon laquelle ces jeunes seraient majeurs : deux tiers sont actuellement en recours ou en appel. Le département n’a pu contester ces chiffres.
Présomption de minorité et solidarité active
Le collectif demande l’application d’une présomption de minorité pendant la durée des démarches — qui peuvent durer jusqu’à plus d’un an — période durant laquelle les jeunes restent à la rue, sans protection, sans école. Le refus de cette présomption constitue une violation de la Convention internationale des droits de l’enfant, déjà condamnée plusieurs fois par la justice. Le soutien des conseillerEs départementaux est désormais demandé.
La lutte continue grâce à la formidable détermination des jeunes. Une nouvelle manifestation a eu lieu le 11 juin rassemblant près de 300 personnes. Un grand élan de solidarité permet d’organiser les repas et toutes les formes d’aide nécessaires. Un repas solidaire, ouvert aux riverainEs, est prévu le 20 juin au campement.
Correspondante locale