Mardi 4 janvier 2011. Il est trois heures du matin et il fait -1°C dehors. Monsieur et madame X se placent dans la file d’attente à l’extérieur de la sous-préfecture d’Antony (Hauts-de-Seine). Étrangers, ils viennent pour une demande de titre de séjour. Ils connaissent par le bouche à oreille la règle non écrite établie par la sous-préfecture depuis un an : elle ne reçoit que le mardi matin et ne distribue que quinze tickets pour quinze personnes. Ils ont préparé soigneusement leur dossier depuis deux mois avec l’aide des militantes et militants de l’association RESF. À trois heures du matin, ils sont troisièmes dans la queue, ils pensent donc avoir toutes leurs chances d’obtenir ce fameux ticket qui leur permettra d’avoir un nouveau rendez-vous pour l’examen approfondi de leur situation deux mois plus tard. À 8 h 30, il y a environ 150 personnes dans la queue. Mais, quand le portail s’ouvre et qu’ils se présentent en troisième position, on leur annonce qu’il n’y a plus de ticket. Même chose pour celui qui était en première position. Aujourd’hui, il n’y a plus de ticket, un point c’est tout. Interrogée, la responsable du service refuse de donner des explications et s’emporte : « vous n’avez qu’à revenir mardi prochain ! » Mais Madame, comment être sûr que ce ne sera pas la même chose mardi prochain, il doit y avoir une erreur, c’est injuste. « Oh pas de moralisme ! Et si nous avons fait une erreur, eh bien que Dieu nous pardonne ! » « Mais c’est inhumain » dit une femme furieuse. En effet, voilà l’exemple de la pire des vexations faite à des dizaines de personnes qui viennent de passer six heures debout la nuit dans le froid après avoir confié leurs enfants à des amis : à la sous-préfecture d’Antony, il n’y a pas de règle, les étrangers ne sont rien, n’ont aucun droit, même pas celui de comprendre pourquoi on se moque d’eux.