Vendredi 17 juillet après-midi, après un rassemblement unitaire, place du Châtelet, rassemblant la Coordination 75 des sans-papiers (CSP75), la CGT nettoiement, l'Union locale CGT du 18e, Solidaires, Attac, le NPA, les Verts, La Fédération, près de 400 personnes ont investi un local désaffecté de plus de 5 000 m² appartenant à la CPAM, au 14 rue Baudelique dans le 18e arrondissement de Paris.
Après un blocus policier de vingt heures, sous la pression des militants, les CRS se sont effacés et ont libéré les issues, marquant ainsi la première victoire des occupants. Alors que l’entrée dans les lieux s’était déroulée sans incidents, un sans-papier de la CSP75 a été interpellé suite à sa dénonciation par un agent de sécurité et à un piège crapuleux tendu par les forces de l’ordre. Libéré dimanche soir, il sera jugé à la rentrée de septembre.
A l’intérieur, l’occupation s’est organisée immédiatement, et après une première réunion des participants, ce nouveau lieu a été rebaptisé : « ministère de la Régularisation de tous les sans-papiers ». C'est un pas en avant important, alors que plusieurs centaines de sans-papiers sont restés trois semaines sur le trottoir après leur expulsion inacceptable de la Bourse du travail, le 24 juin dernier, par le service d’ordre de la CGT.
Cette nouvelle occupation doit permettre d'engager une dynamique unitaire autour de la revendication de régularisation de tous les sans-papiers, et ainsi de dépasser les oppositions apparues lors de l’occupation de la Bourse du travail qui durait depuis le 2 mai 2008.
Pour le NPA, il est essentiel de construire un rapport de forces massif face au gouvernement qui ne cesse d'augmenter le nombre des expulsions. Cela passe par la construction d'un front unitaire rassemblant tous les collectifs de sans-papiers, les syndicats (dont la CGT, qui reste impliquée dans des mouvements de grève locaux), l'ensemble des associations et les partis politiques soutenant la régularisation de tous et toutes. Ce lieu doit permettre de fédérer tous ceux qui veulent résister à la politique raciste de chasse aux étrangers.
Dès le samedi, alors que les militants du NPA avaient réussi à forcer le barrage de la police, Olivier Besancenot y a été chaleureusement accueilli par les sans-papiers qui lui ont fait une haie d’honneur émouvante. Le dimanche, des sans-papiers du 92, syndiqués à la CGT, venaient s'informer dans le but de participer à la lutte. Lundi 20 juillet, s'est tenue une réunion unitaire, à laquelle ont participé également Droit Devant!! et le Parti de gauche. Cet élargissement est indispensable pour surmonter les tendances à la fragmentation et à l'isolement de la lutte des sans-papiers.
Et maintenant ? Tout est à construire et à imaginer pour transformer cet endroit en un véritable lieu de vie, de combat et d’élaboration politique, pour rendre visible la lutte exemplaire des travailleurs sans-papiers et pour que chacun se (re)saisisse de la question de la régularisation de tous.
Mais pour l'heure, rien n’est acquis et une évacuation par les forces de l'ordre peut survenir à tout instant. La CPAM a déjà entamé la procédure judiciaire pour expulser les occupants des locaux.
Il est nécessaire de se mobiliser pour faire vivre ce lieu et pour le protéger en cas d’intervention de la police, surtout pendant cette période estivale, où il est souvent difficile de se rassembler.
Maël Goepfert – Antoine Boulangé