Il n’y a pas que le PS, la droite et l’extrême droite qui se vautrent dans le racisme anti-Rom. À Nanterre (92), avec le PS et les Verts, c’est le Front de gauche qui tient la mairie. Mais il est vrai que ce n’est pas la mairie elle-même qui a réclamé l’expulsion d’un bidonville où sont installés depuis 3 mois des familles Roms évacuées du 93...
C’est l’Epadesa, l’organisme qui gère le quartier d’affaires de la Défense, qui s’en est chargée en sa qualité de propriétaire des terrains. Pourtant, aucune construction n’est prévue sur la parcelle occupée avant des années, et le projet écologique et social porté par une association peut, en attendant, fort bien prospérer à proximité... Mais le droit de propriété est sacré, et l’insalubrité des lieux nécessitait visiblement qu’on jette à la rue – sans relogement – les 200 à 300 habitantEs du bidonville. Le Président de l’Epadesa n’est autre que le maire de Nanterre, mais il n’avait pas encore été réélu dans cette fonction quand la plainte a été déposée par le directeur général. Il s’en est donc lavé les mains... Pour laver les leurs, les habitantEs du bidonville ont dû se débrouiller seuls, car la mairie n’a pas daigné faire les branchements d’eau nécessaires. Et si elle a consenti, tardivement à faire ramasser les ordures ménagères, elle ne s’est pas préoccupée de l’application de la mesure par Véolia.
Communiqué honteuxUn collectif de soutien s’est constitué pour aider les familles à faire diverses démarches. Ce collectif a organisé le 7 juillet une réunion publique avec le sociologue Éric Fassin, coauteur de l’ouvrage Roms et riverains, réunion qui a rassemblé près de 120 personnes. À peine l’expulsion prononcée par le tribunal le 10 juillet, la mairie a publié un communiqué qui a choqué ceux de ses soutiens habituels engagés dans les batailles antiracistes ou pour le droit au logement. Tout en affirmant que le problème, ce ne sont pas les populations roms mais les bidonvilles, le communiqué prend acte du jugement et affirme que « le maintien d’un bidonville ne pouvait en aucun cas constituer une solution » et que « voir resurgir un bidonville au 21e siècle rappelle forcément des souvenirs douloureux »... oubliant de rappeler qu’à Nanterre il y a 50 ans, l’éradication des bidonvilles s’est accompagnée du relogement des habitantEs (même s’il y a eu beaucoup à redire). Que ce soit à l’État de régler le problème, nous sommes d’accord ! Mais s’il ne le fait pas, « L’humain d’abord ! » peut-il passer par l’expulsion sans relogement ?
Jacques Capet