Un jeune de 17 ans enlevé par une douzaine de personnes, séquestré et lynché dans une cité de Pierrefitte, puis laissé pour mort dans un caddy près de la nationale... Un fait divers bien poisseux, bien dégueulasse, probablement un règlement de compte perpétré par une bande de la cité voisine.
On ne peut qu’être choqué par la violence engagée, par la haine et le mépris qui transpire de ce drame, comme on peut l’être chaque fois que la violence se déchaîne de façon barbare et démesurée sur des personnes impuissantes. Là il s’agit d’un jeune Rom. Évidemment ce fait n’est pas étranger à l’affaire... La stigmatisation des Roms est telle que tout devient possible contre eux. La politique de destruction systématique des campements Roms par les gouvernements successifs, le non-respect des personnes, des familles, des enfants par les pouvoirs publics, la violence institutionnelle est un encouragement de fait à des passages à l’acte racistes de cette gravité.
Qui sont les responsables ?Combien d’associations, d’enseignantEs, ont vu – sans aucun état d’âme chez les responsables préfectoraux, les cadres politiques municipaux ou départementaux – réduit à néant en quelques heures, des années de travail d’insertion, de compréhension réciproque pour scolariser les enfants d’un campement ? Le 93, pour ne parler que du département où cette agression a eu lieu, est depuis 10 ans le théâtre privilégié de cette politique d’apartheid contre les Roms, du camp du Hanul expulsé en 2010 à celui des Coquetiers à Bobigny menacé de l’être dans les jours qui viennent. Les salauds ont frappé mais les responsables sont ceux qui ont créé ce climat anti-Roms, en tout premier lieu les gouvernements Sarkozy et Hollande, Valls personnifiant la permanence, la continuité, de cette politique scélérate. Leur réaction à l’agression a été bien suspecte. Ils se sont précipités pour dénoncer les auteurs de l’agression, pour exiger « des actes », pour condamner « avec la plus grande fermeté », pour garantir que « que tout soit engagé » ou pour affirmer « que la police est totalement mobilisée ». Bande d’hypocrites. Et quel cynisme ! De fait les seules réponses qu’ils sont capables de proposer, c'est plus de répression, plus de flics, plus d’exclusion, plus d’expulsions. Et ils n’hésiteront pas à renvoyer dos à dos, avec l’aide des médias, les agresseurs et la victime, dans un racisme social qu’ils ont contribué à créer. Et nous sommes bien d’accord avec le Conseil national des droits de l’homme (CNDH) et Romeurope qui, dans un communiqué commun du mardi 17 juin, affirment : « Ce fait divers est la terrifiante conséquence de plusieurs années de politiques publiques inefficaces et de prises de parole d’élus, de représentants de l’État mais aussi de nombreux médias entretenant et surfant sur un climat malsain ».
JMB