Les attaques contre les mosquées, contre les synagogues et les lieux de mémoire juive se multiplient.
Nous assurons de notre solidarité l’ensemble des personnes victimes de ces agressions. Notre réponse doit être un antiracisme intégral, indépendant de l’État, contre ses politiques racistes et coloniales.
Multiplication des attaques contre les mosquées
Le 25 avril, Aboubakar Cissé a été poignardé à mort dans la mosquée de La Grand-Combe, dans une mise en scène islamophobe. Quelques semaines plus tard, à Villeurbanne, un Coran brûlé a été déposé devant une mosquée, tandis qu’à Roussillon, en Isère, c’est la mosquée El Hidaya qui a été vandalisée. Début septembre, neuf mosquées de la région parisienne ont été ciblées par une sinistre mise en scène : des têtes de cochon déposées devant leurs portes. Cette multiplication des attaques islamophobes s’inscrit dans un climat où l’oppression des musulmanEs nourrit les passages à l’acte. Ainsi, la répression ne cesse de s’intensifier : le 3 septembre, Retailleau annonçait la dissolution de l’IESH, unique institut de formation des imams en France, tandis que la police plaçait en garde à vue les responsables du CCIE, association de défense des droits des musulmanEs. Deux jours plus tard, Darmanin interdisait le port du hijab à l’École nationale de la magistrature. Et on ne compte plus les mesures individuelles de brimades, d’empêchement, d’intimidation.
Profanations de synagogues et de lieux de mémoire juive
En parallèle, les actes hostiles visant des synagogues et la mémoire du génocide des Juifs et Juives par les nazis se sont multipliés. À Paris, dans la nuit du 30 au 31 mai, deux synagogues du Marais, le Mémorial de la Shoah et un restaurant juif ont été souillés de jets de peinture verte. Quelques jours plus tard, à Strasbourg, la stèle commémorant l’ancienne synagogue a été vandalisée. L’été a été marqué par d’autres attaques : à Lyon, le 30 août, le Mémorial de la Shoah a été profané par une inscription gravée sur sa plaque, et le 21 août, à Paris, la plaque dédiée aux enfants d’Izieu, déportés à Auschwitz en 1944, a été déboulonnée. Dans le même temps, à Bron, près de Lyon, un monument a été recouvert de slogans hostiles. En août encore, l’olivier planté à Épinay en hommage à Ilan Halimi, assassiné en 2006, a été tronçonné et une plaque à Villeurbanne en hommage aux Justes a été volée. Ces profanations, qui visent à la fois les lieux de culte et les symboles de la mémoire, traduisent une inquiétante montée des actes antisémites dans l’espace public.
Pour un antiracisme intégral
Il n’est pas étonnant que les lectures racialisantes et que les violences racistes se développent : l’espace médiatique et les politiques menées sont de plus en plus ouvertement racistes, avec l’islamophobie en levier idéologique et pratique. Tout est fait pour opposer les différentes minorités entre elles — une impasse pour chacune. Il nous faut développer un antiracisme intégral, cohérent, qui refuse toutes les essentialisations, toutes les assignations collectives, toutes les stigmatisations. Ce ne sera possible qu’en construisant un mouvement antiraciste indépendant de l’État — et même contre l’État et ses politiques racistes et coloniales.
Olivier Lek Lafferrière