Entretien. Organisée par l’Union nationale des sans-papiers, la marche du Grand Paris était dimanche 29 septembre à Montreuil, trois semaines après être partie de Paris après un premier rassemblement devant le centre de rétention du Mesnil-Amelot. Nous avons posé quelques questions à Sissoko Anzoumane, porte-parole de la marche.
Après trois semaines de marche, où en êtes-vous ?Nous sommes désormais dans la deuxième boucle autour de Paris, celle de la proche banlieue, nous approchant de Paris après avoir parcouru la grande banlieue. On a trouvé un toit pour dormir dans 21 villes. Dans deux villes de Seine-et-Marne, Claye-Souilly et Meaux, les marcheurs et les marcheuses ont dormi dehors, dans le froid, la pluie et le vent. Dans trois villes, c’est la préfecture qui a obligé les mairies à trouver des solutions avec parfois des réquisitions. Cette marche démontre la détermination des camarades sans-papiers. Et c’est en soi une victoire. On a bravé le temps, le système et le manque de soutien des éluEs. La marche est désormais près de son arrivée à l’Élysée.
Quel a été l’écho reçu ?Les deux premiers jours ont été durs, ainsi que les trois jours autour de Versailles et des communes de droite alentour. Mais ailleurs nous avons été bien reçus, les sans-papiers sont très enthousiastes de ces échanges. Pour nous, c’est une très belle expérience. Cela renforce les liens et la solidarité et donne de la force pour la lutte. Non seulement, nous avons été généreusement fêtés mais beaucoup des camarades qui nous ont accueillis nous ont encouragés à poursuivre et dit que c’était un exemple pour eux. La marche leur montre qu’il ne faut jamais perdre courage. Même quand les temps sont durs, à cause surtout d’un gouvernement qui, au lieu d’être l’ami espéré, se révèle jour après jour l’ennemi des travailleurs et des militants de gauche.
Comment cela se traduit-il ?En 2005, le mouvement autonome des sans-papiers se battait au côté des associations, organisations politiques et syndicats contre la conception de l’immigration choisie, l’immigration jetable. Arrivées au pouvoir, certaines de ces forces pratiquent aujourd’hui cette immigration choisie. En 2008, ce sont les luttes contre la droite au gouvernement qui ont obtenu des régularisations sur la base des 8 ans de présence. Sans lien avec le travail, la famille ou autre. Sans critère quoi. Aujourd’hui, la gauche au pouvoir a supprimé ce qu’avaient gagné les sans-papiers.C’est la raison pour laquelle on dénonce la politique de Valls, pour laquelle la CSP75 demande sa démission, parce qu’il n’y a jamais eu un ministre de l’Intérieur aussi dur. L’Afrique a des liens avec la France depuis des siècles. Ce ne sont pas ceux que j’appelle des « petits nouveaux » comme Valls ou Copé qui vont nous empêcher de développer ces liens.
Comment va se faire l’entrée dans la capitale ?L’arrivée de la marche va se faire ce samedi à l’Élysée afin d’obtenir une rencontre avec le Président ou un conseiller sur les méfaits de la circulaire Valls et de la politique du gouvernement socialiste. Pour nous, l’objectif est de demander au Président de rétablir les acquis obtenus sous la droite et la régularisation des 8 ans. Outre les collectifs de la région parisienne, des collectifs d’autres villes seront présents pour l’arrivée de la marche à l’Élysée samedi 5 octobre. On appelle tout le monde à nous rejoindre.
Propos recueillis par Denis Godard