Publié le Mercredi 5 février 2025 à 19h00.

Un toit, un lycée, c’est un droit !

La préfecture de Paris a brutalement mis un terme à son financement du Dispositif lycéens qui concernait 108 jeunes isoléEs étrangerEs.

«Contrairement à ce qui a été dit, l’année scolaire ne se terminera pas dans le Dispositif lycéens, mais dans des centres d’hébergement dont certains se situent en province, dans les régions que vous pouvez choisir. » C’est dans les premières semaines de janvier, parfois par ce genre de texto, que 108 jeunes étrangerEs isoléEs, majeurEs, ont appris que s’arrêtait brutalement leur prise en charge par le Dispositif lycéens. Ce dernier permettait — par un financement conjoint de la mairie de Paris et de l’État — d’assurer un logement à ces jeunes, de veiller à ce qu’ils et elles obtiennent un diplôme et mènent les démarches nécessaires à leur régularisation. Deux associations, missionnées en ce sens, les accompagnaient. Le pilotage était assuré par l’académie de Paris.

Mais voilà, le 10 décembre la préfecture coupait les vivres. Le dispositif s’écroulait purement et simplement, provoquant la stupeur des associatifs et, surtout, mettant en détresse les jeunes concernéEs. TouTEs perdent le logement qu’ils et elles occupaient. Pour certainEs, le chauffage a été coupé le 22 janvier.

Des élèves au parcours scolaire menacé

Arbitrairement, la préfecture décide que seulEs les élèves en année d’examen — en Terminale bac pro ou CAP pour la plupart — peuvent rester à Paris. Mais dans un centre d’hébergement d’urgence pour hommes adultes en difficulté. Concrètement : d’un logement individuel ou partagé à deux, ces jeunes se retrouvent dans des dortoirs qu’ils partagent avec des hommes seuls bien plus âgés. Impossible de considérer ce lieu comme une « solution » digne et décente pour des jeunes qui étudient. 

Plus grave, les élèves de seconde ou de première, toujours essentiellement scolarisés en lycées professionnels, doivent quitter Paris et leurs lycées, leurs camarades de classe pour être envoyés aux quatre coins de l’hexagone, au mépris total des formations entamées. Même chose pour celles et ceux qui ont trouvé un emploi depuis le début de leur prise en charge. Et ce, d’ici le 11 février.

Mobilisation le 6 février

Déjà engagéEs dans le soutien à l’occupation de la Gaîté lyrique par 350 jeunes, étrangerEs isoléEs également, les militantEs et les syndicats de l’éducation accusent le coup. Une première réunion est organisée en urgence, une seconde, plus sur le format d’AG, se tient le 24 janvier qui a regroupé une quarantaine de participantEs : des associatifs, des syndicalistes, des enseignantEs, des jeunes concernéEs. La presse est présente — Mediapart et StreetPress —, donnant de la visibilité à ce qui commence à ressembler à une mobilisation. Les syndicats SUD, CGT, FSU, ainsi que l’Union syndicale lycéenne appellent les personnels à décider d’actions à mener, très vite.

Plusieurs lycées scolarisant les jeunes concernéEs préparent leurs banderoles. Toutes portent la même exigence : « Un toit, un lycée, c’est un droit ». Ce jeudi 6 février, elles seront déployées dans et sur les établissements avant de l’être place de la Sorbonne. Soyons nombreux !

Théo Roumier