« Sans-papiers » : un terme rappelant le degré de déshumanisation d’une société qui condamne à la non-existence des êtres humains en les privant de papiers : pas de titre de séjour, pas d’identité !
Le mot « clandestin », encore plus péjoratif, induit une culpabilité. Les sans-papiers seraient obligés de se cacher parce qu’ils et elles auraient commis une faute. Mais ils et elles n’ont commis aucun délit ! Ces migrantEs sont arrivés sur le sol français poussés, comme touTEs les réfugiéEs de l’histoire, par la nécessité, des conditions de vie dramatiques, à cause de la guerre, de la misère ou d’un régime politique autoritaire. Combien seraient-ils et elles ? D’après des estimations, pas énormément, entre 300 000 et 400 000 en France, 1 % de la population adulte.
Les lois anti-migrantEs sont une machine à fabriquer des sans-papiers
La plupart n’ont aucune envie de se cacher, et demandent l’asile dès l’arrivée. Mais il est de plus en plus difficile de l’obtenir. Il y a près de 70 % de déboutés du droit d’asile en France, record européen. La plupart des sans-papiers sont des déboutés. Et les possibilités d’avoir un autre titre de séjour se restreignent d’année en année, sous les différents gouvernements, de gauche ou de droite, avec des lois de plus en plus drastiques qui ont pour but de rendre toujours plus impossibles les régularisations afin d’augmenter toujours plus le nombre d’expulsions. Pour obtenir un titre de séjour, il faut, dans la plupart des cas, résider depuis cinq ans en France, faire des dossiers énormes où il manque toujours une pièce et que les préfectures mettent des mois, voire des années à traiter.
Même celles et ceux qui ont bravé toutes les entraves et réussi à obtenir un titre de séjour ne sont pas pour autant tirés d’affaire. Ils peuvent perdre leur titre à tout moment.
Comment vivre sans papiers ?
Une personne étrangère en situation irrégulière ne peut bénéficier que d’une seule aide : l’Aide médicale d’État, une couverture maladie limitée, sous conditions de ressources très faibles ou inexistantes, que les gouvernements ont essayé à plusieurs reprises de supprimer. Les sans-papiers sont exclus de l’accès à toutes les autres prestations sociales, même quand ils et elles ont un travail, un employeur et payent les mêmes cotisations et impôts que les autres.
Être sans-papiers, cela veut dire vivre sans aucun revenu garanti. Cela veut dire ne pas avoir accès au logement, seulement à l’hébergement d’urgence, obtenu en appelant le 115 et qui est saturé. Cela veut dire être pris dans ce cercle vicieux : pas de papiers, pas de logement ; pas de logement, pas de papiers ! Cela veut dire vivre sans arrêt avec la peur d’être arrêté lors d’un contrôle dans la rue, dans les transports et de se retrouver dans un CRA (centre de rétention), antichambre de l’expulsion.
Une main-d’œuvre taillable et corvéable à merci
Les sans-papiers sont la proie des patrons, petits et grands, et des particuliers. Combien de ces invisible soignent les personnes âgées, font le ménage, vident les poubelles, travaillent dans le bâtiment, la restauration, les marchés …
Bien que se réduisant comme peau de chagrin, il existe malgré tout encore des moyens de défense pour les sans-papiers, quelques textes permettant leur régularisation, le code du travail qui s’applique à touTEs les travailleurEs, avec ou sans papiers ; il faut s’en servir. Les sans-papiers ont montré à plusieurs reprises qu’ils et elles savent s’organiser pour défendre leurs droits. Et il existe heureusement dans ce pays des femmes et des hommes humains, des justes, qui ne supportent pas le sort indigne qui leur est réservé et qui se battent avec elles et eux pour obtenir l’égalité des droits.