En 2001, l’État avait décidé de créer un « champion du nucléaire ». Sous l’impulsion de sa présidente Anne Lauvergeon, bien en cour tant du côté PS que de Sarkozy, Areva s’est lancé dans des aventures diverses, dont celle de l’EPR marquée par des gestions de chantier catastrophiques, tant en Finlande (le coût d’un réacteur en construction est passé de 3 à 8 milliards d’euros) qu’en France. Ainsi, à Flamanville, une cuve non définitivement jugée conforme a déjà été scellée dans le bâtiment réacteur et, selon un rapport rendu public lundi 8 juin par Mediapart, les soupapes de sûreté, équipements servant à dépressuriser le réacteur, souffrent de défaillances aux conséquences graves...
Le 15 octobre 2014, Manuel Valls défendait encore avec vigueur « le génie industriel français » devant la première édition du « World Nuclear Exhibition » au Bourget. Mais début janvier 2015, le PDG d’Areva annonçait 4,8 milliards de pertes sur 2014. La tourmente se déchaîne… Le projet de restructuration, élaboré début juin dans une réunion où Hollande lui-même était présent, démantèle en fait Areva dont l’activité réacteurs est destinée à passer dans l’orbite d’EDF.
Les assurances de Macron (absence de licenciements et préservation de tous les sites) ne valant pas grand chose, les salariéEs ont fait grève et manifesté en masse, car ils risquent de faire les frais d’erreurs industrielles et de gestion dont ils ne sont pas responsables. Les vrais décideurs (PDG, ministres), eux, sont déjà confortablement reclassés... Pour le futur des emplois, c’est plus grave : rien n’est envisagé, alors que la filière nucléaire française est en crise structurelle et que sa reconversion devrait être à l’ordre du jour.
Le choix du nucléaire est réaffirmé, alors qu’il y a d’autres options de plus en plus largement soutenues. Ainsi l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) a élaboré en avril dernier un rapport intitulé « Vers un mix électrique 100 % renouvelable en 2050 ». Mis sous le boisseau sous pression de l’administration, ce rapport a été vite rebaptisé « étude préliminaire »…