Les 1er, 2 et 3 juin s’est tenu, à Bar-le-Duc, le procès – pour « association de malfaiteurs » – de sept militantEs contre l’enfouissement des déchets nucléaires à Bure.
Dans le tribunal, les avocats de la défense ont démonté la criminalisation de la lutte et exigé la relaxe. Dehors, la mobilisation a été forte : manif de 800 personnes mardi 1er juin, et, de 9 h à 19 h, jamais moins de 200 soutiens sur la place devant la Palais de justice trois jours durant. Des peines de prison ferme (12 mois) et avec sursis (de 10 à 18 mois) ont été requises : réponse des juges fin septembre. Devant nous, tout un été de chaude solidarité !
Procès politique, criminalisation de la lutte
La scène judiciaire est aussi, et ici de façon criante, « mise en scène ». Qu’on en juge : le réquisitoire du procureur se termine par « l’interdiction de tout port d’arme pendant 5 ans » pour les sept qui comparaissent. C’est qu’il faut accréditer l’idée qu’on a affaire à un groupe violent, à de dangereux malfaiteurs, alors que jamais personne à Bure n’a porté d’arme !
Ce que l’État nucléaire ne supporte pas, c’est que cette lutte ne faiblit pas. Ce qu’il ne supporte pas, c’est d’avoir été ridiculisé le 15 août 2016, quand des kilomètres de mur autour du bois Lejuc ont été abattus par des centaines de militantEs. Et c’est délibérément que, le 15 août 2017, des moyens totalement disproportionnés ont été mis en œuvre lors de la déambulation à travers champs.
La fabrique du procès s’ensuivra avec ses écoutes massives et ses 22 000 pages produites. Criminalisation que l’universitaire Vanessa Codaccioni a très bien exposé devant les juges. Ce qui rend le pouvoir si fébrile et si répressif, c’est aussi la totale impasse de la politique nucléaire, les plus grandes incertitudes sur l’EPR, la quasi faillite d’EDF. Tous les moyens sont bons, y compris l’achat du consentement : Claude Kaiser, maire de Ménil-la-Horgne, militant écolo et anticapitaliste historique en Meuse, a dénoncé à la barre les millions versés aux communes par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) pour acheter leur consentement.
« 1-2-3, on brûlera l’ANDRA »
C’est la nouvelle génération qui a été l’âme de ces trois jours favorisés par une météo enfin clémente. Les jeunes femmes étaient particulièrement mobilisées, mêlant un antisexisme bienvenu et tout aussi joyeux que déterminé à la lutte antinucléaire. La détermination de ces jeunes basés à la « Maison de Résistance » à Bure – que l’instruction s’est donné le ridicule de vouloir rebaptiser en « QG infractionnel » – est forte : leur banderole de tête à la manif « 1-2-3, on brûlera l’ANDRA, 4-5-6, esquive la police, 7-8-9, on fera la teuf » était significative. Forte et grand-angle aussi : mercredi, c’est sous les murs de la prison, qui donne aussi sur la place Saint-Pierre, que tout le monde criait : « tout enfermement est politique ».
Le NPA continuera d’apporter son soutien à cette bataille au long cours.