« Nancy en état de siège » titrait en « Une » l’Est républicain du 28 septembre. Secteurs interdits d’accès, parc et bibliothèque fermés, rues barrées créant des embouteillages monstres, la préfecture de Meurthe-et-Moselle n’avait pas fait dans la demi-mesure pour encadrer la manifestation d’opposition à Cigéo, futur centre d’enfouissement de déchets nucléaires à Bure.
Malgré une manifestation déclarée, le préfet, dans un communiqué de presse publié la veille, conseillait aux commerçants de protéger les vitrines, de baisser les rideaux au passage des manifestantEs et appelait les NancéienEs à la vigilance car le « risque d’avoir des éléments perturbateurs, agressifs et violents est élevé [… de même que] des antinucléaires extrémistes, venant de France mais aussi de l’étranger notamment d’Allemagne. » Leur autre grosse crainte était que des Gilets jaunes se joignent au cortège.
3 000 manifestantEs malgré le dispositif policierPas moins de 500 policiers et militaires étaient mobilisés. Dès le matin, contrôles d’identité des passagerEs des bus, désormais traditionnelles fouilles des sacs, étaient le passage obligé pour accéder au secteur de la manifestation. Plusieurs cars de police, postés à chaque carrefour tout au long du parcours, empêchaient toute tentative de dévier du trajet prévu, le tout sur fond de bruit de l’hélicoptère survolant le cortège.Malgré ces discours ultra-sécuritaires, destinés à jouer sur la peur et à dissuader le plus grand nombre, la manifestation a maintenu le niveau de mobilisation de l’année précédente à Bar-le-Duc en réunissant près de 3 000 personnes : une satisfaction pour les organisateurEs. Des centaines de NancéienEs ont progressivement rejoint la manifestation, rejoignant celles et ceux venus de toute la France, dont de forts contingents du Sud-Est, de Nantes et des Pays de la Loire. Groupes antinucléaires, collectifs de lutte contre des grands projets inutiles, Gilets jaunes, militantEs d’Extinction-rébellion, d’ANVCOP 21, et quelques personnes cagoulées en noir, se sont retrouvés dans une tonalité dynamique et déterminée, souvent avec une expression anticapitaliste, conscients que ce dispositif sécuritaire disproportionné est un signe supplémentaire de faiblesse du pouvoir, qui use et abuse de l’intimidation et de la répression pour se maintenir. De la gaité et de l’humour face aux centaines de gendarmes suréquipés... et inutiles.Tout le week-end, c’est la solidarité avec touTEs les répriméEs de Bure, le rejet de la société policière qui accompagne l’enfouissement des déchets nucléaires et l’exigence des éluEs et populations d’un arrêt immédiat de Cigéo qui s’est exprimé. Cigéo, comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, ne verra pas le jour car, malgré ou à cause de la répression, la mobilisation s’amplifie et la détermination se renforce. Le vent de Bure soufflera !
Correspondante