Coup sur coup, la démission de Noël Mamère et le retrait de Pascal Durand de la direction donnent un caractère aigu et spectaculaire à la crise d’Europe Écologie - les Verts.Les questions de fonctionnement, de démocratie, d’ambitions personnelles… jouent évidemment un rôle dans cette crise. Mais la réduire à cette seule dimension serait une erreur. Ce qui revient de manière récurrente, c’est l’impossibilité d’introduire un tant soit peu de préoccupations sociales et écologiques dans la politique du gouvernement. La tension entre la participation au gouvernement et le maintien d’un minimum d’exigences concrètes sur la transition énergétique, la sortie du nucléaire, l’agrobiologie ou la biodiversité, est devenu insoutenable. Or la fraction dominante d’EELV passe son temps à trouver des raisons de se rassurer elle-même sur la possibilité et l’utilité de rester au gouvernement.Cette dernière séquence a débuté le 15 septembre avec l’intervention de Pascal Durand, encore secrétaire national, donnant « 6 jours au gouvernement pour (nous) dire ce que va vraiment être la transition énergétique », tirant un sombre bilan : « l’écologie a reculé depuis un an », « on se moque de nous, on nous ment », avant de conclure : « je ne serai pas le secrétaire national des renoncements écologistes. » Noël Mamère est encore plus précis : « l’heure de vérité pour les écologistes au gouvernement sonne au moment du budget. On y est et la vérité apparaît toute nue. À se soumettre et à chercher des arrangements, il ne faudra pas s’étonner si notre électorat nous couvre de goudron et de plumes »...
Se mobiliser... et débattreLa contribution climat énergie qui avait tant enthousiasmé EELV cet été se soldera par un bilan sans appel : en 2016, sur les 4 milliards d’euros qu’elle devrait rapporter, 3 milliards financeront le crédit d’impôt compétitivité. Il ne restera plus qu’un milliard pour la transition énergétique. Cherchez l’erreur !Ni la transition écologique ni la justice sociale ne sont compatibles avec le soutien ou la participation à ce gouvernement. Celles et ceux qui veulent défendre l’une et l’autre doivent en tirer les conclusions. Eva Joly propose une « nouvelle majorité » initiée par EELV, les « socialistes hétérodoxes » et le Front de gauche. Le PG répond « Chiche ! ». Les uns et les autres font semblant d’ignorer qu’au sein d’EELV comme au sein du FdG, il est loin d’y avoir unanimité pour s’opposer au gouvernement et combattre le productivisme.En revanche, la toute première urgence est de construire des mobilisations unitaires, pour engager immédiatement la sortie du nucléaire, la fermeture de Fessenheim, Tricastin, Bugey…, pour imposer l’interdiction de toute nouvelle exploitation d’hydrocarbures conventionnels ou non, pour l’arrêt de tous les grands projets inutiles imposés à Notre-Dame-des-Landes comme ailleurs… Et au-delà, parce que l’écologie sociale le mérite bien, le débat public autour d’un programme écosocialiste donc anticapitaliste et antiproductiviste doit se poursuivre. Le NPA y est disponible.
CorrespondantEs commission nationale écologie