Par dizaines, boulangers, bouchers, restaurateurs, pressings, pâtissiers, traiteurs ont fermé boutique ou sont menacés de le faire, vu l’augmentation du prix de l’électricité.
En réponse au malaise et pour éviter une succession de fermetures et de licenciements, le gouvernement, après des réunions « blabla » à Bercy et froncements de sourcils théâtraux a ressorti ses remèdes cache-misère : débloquer de l’argent pour aider les commerçants et les artisans à payer leurs factures (plusieurs dispositifs sous conditions), demander aux fournisseurs de proposer des « facilités de paiement » et d’autoriser la rupture du contrat si celui-ci met en péril l’activité. À vot’ bon cœur Msieurs-Dames !
Pas question de remettre en cause la libéralisation du marché de l’électricité, pourtant à l’origine de la hausse des prix. Ce marché est actuellement à l’échelle du continent européen, moins la Russie.
Pourquoi les prix de l’électricité s’emballent ?
Après le covid, la reprise économique a accru les besoins en énergie, donc la demande. L’augmentation des coûts d’approvisionnement et du tarif d’utilisation des réseaux publics (TURPE, tarif instauré depuis la libéralisation du marché), mais aussi la diminution de la production d’électricité du fait de l’arrêt de nombreux réacteurs nucléaires pour réparation ou à cause de la sécheresse qui a affecté les cours d’eau utilisés pour le refroidissement des réacteurs, mais encore la spéculation sur les combustibles fossiles, ont contribué à augmenter les prix de l’énergie. De plus, l’électricité dont une part importante en Europe est produite à partir du gaz naturel a vu son prix augmenter au rythme de la hausse des prix du gaz quand la Russie a baissé drastiquement ses exportations vers l’Europe. La main invisible du marché a été lourde pour estourbir les consommateurs.
Commerçants et artisans, premières victimes de la libéralisation du marché de l’électricité
Depuis le 1er janvier 2016, les entreprises, contrairement aux particuliers, n’ont plus accès au tarif réglementé de l’électricité, offre encadrée par l’État. Elles ont dû souscrire à des contrats avec des fournisseurs (EDF ou autres), dont les tarifs fluctuent selon les cours du marché. Car, au pays du « tout-marchandise » capitaliste, l’électricité est d’abord une source de profits avant de répondre à un besoin social. À l’été 2022, les prix ont explosé, et les factures ont été multipliées par 10, 20 voire plus. La concurrence tant vantée comme parade aux abus du marché n’a servi à rien, vu l’importance des frais de résiliation des contrats. Les artisans comme les boulangers, gros consommateurs de courant, ont pris de plein fouet l’emballement des prix. Alors qu’ils avaient au contraire promis la baisse des prix, les dirigeants font semblant de s’étonner et même de s’indigner. Verser des larmes de crocodile sur le sort des malheureux qui trinquent, oui, protéger l’énergie des appétits voraces du privé, pas question pour eux !
Expropriation et socialisation
Les solutions sont pourtant connues. L’expropriation des groupes capitalistes de l’énergie est indispensable pour mettre en place un véritable service public prenant en charge la production d’énergie, la recherche et le développement d’énergies renouvelables, sans recourir au marché spéculatif, mais aussi, et surtout, une politique globale de sobriété énergétique. De quoi garantir aussi la gratuité pour assurer à chacunE la satisfaction de ses besoins élémentaires.
Un plan est nécessaire pour obtenir 100 % d’énergies renouvelables en 2050, qui combine sortie des énergies fossiles et arrêt du nucléaire à commencer par l’EPR de Flamanville, fermeture de tous les réacteurs de plus de 30 ans, abandon des projets d’enfouissement des déchets radioactifs de haute activité.
La socialisation du secteur de l’énergie est essentiel pour avoir les moyens d’un contrôle des salariéEs et des usagerEs, d’un débat démocratique pour décider des besoins réels : plan d’isolation des logements et locaux, suppression de la publicité et de certaines productions inutiles. Sur les choix aussi : quelles énergies renouvelables ? quelles conditions de production ? Quelle planification ?
C’est la priorité pour garder les fournils en marche…