Les pics de pollution touchent a priori tout le monde de la même façon. En fait, ce n’est pas le cas. Voici quelques années, une étude menée en Italie indiquait que les Romains les plus aisés étaient les plus exposés à la pollution atmosphérique née du trafic routier... mais que les plus pauvres étaient pourtant les premières victimes des pics de pollution.
Une étude récente sur la ville de Paris confirme ces résultats : suite à un pic de pollution, la mortalité s’élève plus dans les quartiers de l’Est et du Nord qu’ailleurs. Pourtant, dans la capitale française comme à Rome, c’est le centre-ville – là où l’immobilier est le plus cher – qui est en moyenne le plus exposé à la pollution atmosphérique générée par le trafic automobile. Globalement, ce sont donc des Parisiens plutôt aisés qui habitent les secteurs où sont enregistrées les plus fortes concentrations de polluants. Mais en analysant les causes des 79 107 décès survenus à Paris chez les plus de 35 ans, les chercheurs ont pu constater qu’« il y a une surmortalité dans les catégories les plus défavorisées ».
Pourquoi ? Parce que d’autres facteurs fragilisent les populations à faible revenu : un air intérieur moins sain à domicile (qualité des bâtiments, ventilation), plus de temps passé dans les transports en commun (notamment pour aller travailler), des lieux de travail moins salubres, voire une moindre possibilité de partir en week-end. Autre explication probable, l’hygiène de vie et l’accès aux soins.
L’équipe de chercheurs mène des études parallèles, non encore achevées à Marseille, Lille et Lyon. Selon des résultats encore provisoires, ce sont toujours les plus pauvres qui souffrent le plus lors des pics de pollution. Cela confirme que lutte contre les nuisances écologiques et contre les inégalités doivent être menées de front pour que les plus pauvres ne soient pas toujours perdants.