Éditions Marchialy, 2025, 224 pages, 20 euros.
Atome 33, c’est l’histoire de Pierre, Mireille, Valérie, Nicole, de simples habitantEs, que rien ne destinait à cela, qui sont amenés à affronter une multinationale, Glencore. C’est que le taux d’arsenic détecté sur leurs enfants ou petits-enfants est très largement supérieur à la moyenne, très au-dessus des normes acceptables. Leurs enfants (et eux-mêmes, sans doute) sont donc susceptibles de développer, plus tard, des maladies graves. Quant au responsable, il est à leurs portes : la fonderie Horne, de l’autre côté de la rue, déverse depuis toujours ses effluents sur une ville que les mines de cuivre, puis elle-même, ont engendrée !
Collectif d’habitantEs
L’auteur suit alors de près les différentes étapes de la constitution des habitantEs en collectif, l’ARET (pour « Arrêt des rejets et émissions toxiques »), l’aide que leur apportent certains experts écolos, les bâtons dans les roues que leur mettent les autorités de la santé publique et de l’État. Nous retrouvons là tous les ingrédients, très classiques, de la prise de conscience qui naît de la nécessité de se défendre, du dépassement de soi qu’engendre l’engagement, mais aussi de la mauvaise foi et du mensonge dont sont capables les gouvernants de façon générale, accentués par leur servilité face à une multinationale, au nom de l’emploi et de la prospérité économique du territoire. L’utilité sociale, la santé publique, sont manifestement bafouées par les institutions mêmes qui sont supposées les mettre en œuvre et les défendre : ce n’est pas une surprise, même si c’est toujours choquant !
Entreprise pédatrice
Le livre rend bien compte de tous les processus qui conduisent à la victoire partielle des habitantEs (partielle, car l’engagement pris par l’entreprise de réduire radicalement ses émissions les ramènerait à un niveau encore beaucoup plus élevé que la moyenne tolérée ailleurs), et des problématiques complexes liées à des entreprises qui font vivre un territoire tout en tuant à petit feu ses employéEs et les habitantEs. Plusieurs chapitres sont également le reflet de l’enquête menée par l’auteur pour dévoiler la constitution du groupe multinational qu’affronte l’ARET, les méthodes et les pratiques de ces capitalistes qui, pour être sans foi ni loi n’en sont pas moins très ordinairement représentatifs de leur classe, dominante et prédatrice.
Claude Moro