Sous la houlette de TotalEnergies, le « Cape Ann », cinquième plate-forme de terminal méthanier en France, est arrivé pour s’installer au Havre le 18 septembre dernier, harcelé par quelques bateaux de Greenpeace.
C’est la fin d’une guérilla juridique engagée par le collectif Climat local (ainsi que plusieurs organisations écologiques nationales) contre la décision du gouvernement de renforcer la dépendance aux énergies fossiles au prétexte de la guerre en Ukraine. L’arrêt des importations de gaz russe a servi de prétexte pour la création de ce nouveau terminal méthanier : il s’agissait d’une mesure qualifiée « d’urgence au nom de l’intérêt national », alors que le gaz russe ne représente que 17 % de la consommation française, que la France continue à être exportatrice de gaz, et qu’une politique volontariste sur le traitement des passoires thermiques aurait permis de s’en passer depuis longtemps. Au nom de l’ « urgence », le projet s’est mis en place en dérogeant aux procédures légales, relevant notamment du Code de l’Environnement, donc au mépris de l’impact environnemental, des risques industriels, ainsi que de la sécurité des riverains (puisque la barge flottante est amarrée en pleine agglomération).
Écouler le gaz de schiste exploité par Total
La réalité est toute autre : derrière le prétexte du conflit en Ukraine, cette nouvelle implantation fossile répond au lobbying de TotalEnergies, qui cherche à écouler la production de gaz de schiste issue de ses forages au Texas. Rappelons qu’au-delà des problèmes de santé provoqués par ces forages, la nuisance environnementale du gaz de schiste est bien supérieure au gaz traditionnel, d’où son interdiction en France. Patrick Pouyanné, patron de Total, est d’ailleurs en pleine offensive dans le domaine du gaz ; il promettait il y a quelques jours aux États-Unis des dividendes juteux aux potentiels actionnaires, et projette l’implantation de trois nouveaux terminaux méthaniers dans la seule région havraise !
Voilà qui en dit long sur les déclarations de Macron selon lesquelles la France serait « la première grande nation à se détourner des énergies fossiles en 30 ans ». En réalité, il s’agit de créer de nouvelles dépendances à l’énergie fossile, en faisant passer les profits de Total devant l’intérêt général.