En 2017, une étude parue dans la revue Nature alertait déjà : en 2100, 74 % des humains courront le risque de mourir de chaud. Un chiffre à mettre en regard du sixième rapport de synthèse du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) adopté le 19 mars en Suisse. Ce document de 37 pages résume les six rapports du Giec parus entre 2018 et 2022, soit quelque 10 000 pages, et fait l’objet d’une intense négociation ligne à ligne entre les représentantEs de 195 pays. Une sacrée rigueur pour des messages qui doivent s’adresser de façon concise aux « décideurs ». C’est le sixième exercice du genre depuis 1990, et l’on s’étonne que tant d’énergie déployée ait eu si peu d’effet.
Pourtant, plus question désormais pour les experts du Giec de polémiquer. Les effets sont déjà là, se voient, se sentent. La température est supérieure de 1,1 °C par rapport à celle de l’ère pré-industrielle (1850-1900), elle atteint déjà + 1,7 °C en France. Non, ils se sentent maintenant presque obligés de rassurer. Nous pourrions réduire les effets de la catastrophe en nous y mettant tout de suite. Ainsi Gerhard Krinner, climatologue à l’Institut des géosciences de l’environnement et auteur du rapport de synthèse, résume-t-il l’affaire pour Reporterre : « Le message important est que pour stabiliser la température mondiale, il faut atteindre zéro émission net de gaz à effet de serre. Plus on l’atteindra tôt, moindre sera le réchauffement ».
Alors bien sûr, les préconisations sont connues mais les mises en œuvre se font à un rythme bien trop lent, quand elles existent. Si nous ne nous ne voulons pas mourir de chaud — après avoir vécu pauvres — , il va falloir que nous devenions les « décideurs », car jamais les accapareurs, les privatiseurs ne nous laisseront faire. Et pour cela, il va falloir qu’à tous les niveaux de la société les compétences de ceux qui produisent se mettent au service de l’humanité tout entière et du bien commun. Notre seule chance : la démocratie à tous les niveaux.