En France, la « révolte des tracteurs » fin 2023, n’a pas trouvé de solution et a ressurgi fin 2024 face à la menace d’un accord de libre-échange Union européenne-Mercosur.
L’agrobusiness s’insurge contre le Mercosur
Derrière ces mouvements, un même problème : le besoin des paysanNEs de pouvoir vivre décemment de leur travail. Or la FNSEA, la Coordination rurale et les gouvernements ont préféré dénoncer les normes environnementales françaises et européennes qui créent une situation de concurrence défavorable avec les pays à bas coûts, comme si l’écologie était le problème.
Aujourd’hui, ils s’insurgent des conséquences des accords qu’ils ont pourtant contribué à nouer par le passé. Selon un rapport de l’Assemblée nationale de 2023, l’UE aurait signé 42 accords de libre-échange avec 74 États. On peut donc s’étonner de son opposition à celui avec le Mercosur.
Tout cela n’est que l’indignation opportuniste, tardive et sélective d’un État qui a toujours défendu les intérêts de l’agrobusiness, aux dépens de celui des travailleurEs.
Concentration et inégalités
Cette logique transparaît aussi dans la PAC (Politique agricole commune). De fait, le soutien aux prix des produits a laissé place à des subventions basées sur la taille de l’exploitation, soutenant principalement les grandes exploitations, mécanisées. Résultat de cette politique, une concentration des structures faisant passer, entre 1990 et 2010, le nombre d’exploitations de 1 million à 500 000 et de 2 millions de travailleurEs agricoles à 1 million.
Actuellement, d’importantes inégalités subsistent : les 10 % des plus riches vivent avec au moins 44 600 euros par an tandis que les 10 % les plus pauvres gagnent moins de 10 900 euros annuels. En 2019, 26 % des agriculteurEs vivaient sous le seuil de pauvreté, selon l’Insee. Il est donc impossible pour de nombreux paysanNEs français de vivre uniquement des revenus de leur production.
Par ailleurs, la colère est amplifiée par la surreprésentation des paysans parmi les victimes de cancers, sans aucun doute liée à l’usage intensif de pesticides, et par les aléas climatiques de plus en plus nombreux et violents chaque année. Enfin, le monde paysan se trouve aujourd’hui pris entre deux injonctions contradictoires : un impératif de productivisme qu’ils ont acquis dans les lycées agricoles et une injonction par la société civile d’une « agriculture verte ».