À l’appel du collectif « Santé environnement Peyrins » et de ses soutiens, une centaine de personnes ont manifesté devant la préfecture de la Drôme à Valence mercredi 5 juin pour exiger du préfet qu’il donne un avis défavorable au projet de mégapoulailler dans la commune de Peyrins.
Il s’agit d’un agrandissement de l’élevage existant qui passerait de 29 950 poulets actuellement à 142 800 poulets dans 4 bâtiments répartis sur 6 750 m2, soit une densité moyenne de 21 poulets par m2, un poulet sur 1 feuille A4, sans accès à l’extérieur. C’est le géant de la production de volailles DUC qui porte ce projet. Les poussins arriveront d’Ardèche, seront nourris notamment par du soja génétiquement modifié, acheminés dans le Gard pour être abattus puis distribués dans le quart sud-est de la France.
Une aberration écologique dans tous les domaines
La ferme usine de Peyrins consommera entre 11 000 et 15 000 m3 d’eau, soit la quantité nécessaire pour alimenter 100 logements, dans une zone où cette ressource en eau est vulnérable. Le SAGE Drome (Schéma d’aménagement de Gestion des eaux de la Drôme) a émis un avis défavorable sur le projet. Car ce sont 698 camions par an et de nombreux tracteurs qui circuleront sur une route inadaptée à un tel trafic, un risque accru de pollution des sols et de la nappe phréatique (nitrates, phosphates, antibiotiques) par l’épandage prévu de 1 596 tonnes de fumier par an sur 10 communes. 14,218 kg/an d’ammoniac vont être dissipés à proximité des bâtiments agricoles et fermes d’habitation lors des épandages.
Et pourtant un avis administratif favorable
Le résultat de l’enquête d’utilité publique sur les communes concernées est clair : sur 255 avis, 223 sont opposés au projet et seulement 23 favorables. Le maire de Peyrens et son conseil rejettent également ce projet. Le commissaire enquêteur a pourtant donné un avis favorable. Il a repris intégralement les thèses de la filière industrielle avicole luttant contre les importations de poulets alors que plus d’un quart de la production avicole française est exportée. Et même s’il relève une incohérence entre l’installation de la ferme et le PAADT (Projet agricole et alimentaire durable du territoire de Valence Romans agglo) qui prévoit une baisse de la consommation de viande, une réduction des pesticides et des gaz à effet de serre et relève aussi une consommation accrue de l’eau, il donne son feu vert. Qu’importe l’avis des gens concernés. D’où leur colère !
C’est nous qui décidons
On parle de ferme-usine au-delà de 40 000 volailles. Avec plus de 140 000, on est sur une très grosse exploitation. Elle sera 3,5 fois plus importante que l’élevage moyen en France. Il y en a peu de ce type. Ce genre d’exploitation condense à elle seule tous les problèmes liés au changement climatique et au productivisme capitaliste. Nous serons nombreuxEs le 26 juin devant la préfecture avant la décision du préfet début juillet.
Arlette Tardy