Un nouvel incident mettant en cause la centrale gérée par le CEA, plaide pour l’abandon du nucléaire.
La découverte 39 kgde plutonium dans la centrale de Cadarache (Bouches-du-Rhône) est un véritable scandale. D’autant plus que le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) a mis trois mois pour signaler cette incroyable « sous-estimation » de résidus de plutonium dans son Atelier de technologie du plutonium (ATPu).
Comment une quantité aussi énorme que l’équivalent de six bombes nucléaires a-t-elle pu être entreposée dans la plus totale illégalité ?
Cet « incident » est malheureusement loin d’être isolé : en août dernier, à Gravelines (Nord), une barre de combustible nucléaire est restée « accrochée » en suspension au dessus de 156 autres. Au Tricastin (Drôme), le 7 juillet 2008, lors d’une opération de nettoyage d’une cuve par la société Socatri – filiale de retraitement des déchets d’Areva – une fuite s’est produite et 76 kg d’uranium se sont échappés, provoquant la pollution de deux cours d’eau. Le 23 juillet, des salariés de la centrale ont été légèrement contaminés par des particules radioactives.
Cette accélération du rythme des accidents, les énormes problèmes que rencontrent les chantiers de l’EPR en Finlande et à Flamanville (Manche), tout cela est lié à la désorganisation de ce secteur récemment privatisé, en quête de toujours plus de profits et ayant de plus en plus recours à la sous-traitance.
Mais la prolifération du plutonium est, hélas, bien plus qu’un problème « conjoncturel » : il est au cœur de l’industrie nucléaire même. Pourtant le plutonium est le déchet le plus dangereux produit par les centrales nucléaires. Son accumulation représente un risque énorme pour la santé des salariés et la population aux alentours. Respirer une poussière d’un centième de milligramme de plutonium provoque de manière presque certaine un cancer du poumon. Il est en outre très réactif et au-dessus de quelques kilos de combustibles stockés au même endroit, les risques de réactions incontrôlées deviennent très importants. Bien qu’une petite partie du combustible soit réinjectée dans certains générateurs (mélangé à de l’uranium appauvri pour produire du Mox), les stocks de plutonium continuent de croître et sa dangerosité et son potentiel explosif sont tels qu’aucune forme de stockage n’est envisageable.
Ces accidents à répétition, ainsi que les scandaleuses révélations concernant l’état lamentable des anciens sites d’extraction d’uranium ou les déchets nucléaires français qui finissent entreposés dans des containers à l’air libre... en Sibérie (!) placent le lobby nucléaire dans une position très délicate. Cela jette un profond discrédit sur cette industrie, ainsi que sur les institutions publiques censées l’encadrer.
La sortie du nucléaire est plus que jamais à mettre à l’ordre du jour avant que le pire n’arrive.
Laurent Grouet