En France, comme ailleurs, les modes d’action écologistes se font plus spectaculaires… et suscitent discussion.
Il y a plusieurs raisons à cette radicalisation : la première est l’urgence face à l’accélération de la dégradation des écosystèmes et la multiplication des événements climatiques extrêmes. La deuxième est le constat que les grèves pour le climat, malgré leur puissance initiale exceptionnelle et bien qu’elles aient parfois été (hypocritement) applaudies par gouvernements et entreprises, n’ont débouché sur aucun changement systémique. La troisième est un constat : l’inhabituel, la surprise et le conformément interdit mais moralement nécessaire est devenu plus efficace pour se faire entendre. Aussi, vandalismes et sabotages prennent le pas sur les grèves pour le climat. Pneus de SUV dégonflés, compétitions sportives ou circulations automobiles interrompues, vitrines d’œuvres souillées, sabotage partiel de mégabassines …
Entre répression, criminalisation et revendication de la méthode
Cela irrite, en particulier au gouvernement, qui durcit la répression... Les amendes deviennent plus importantes, comme les peines et les arrestations. Et surtout l’arsenal militaire se déchaîne : LBD, gaz incapacitants et autres grenades explosives. Le ratio flic/manifestantEs était de un pour sept contre les mégabassines à Sainte-Soline en octobre.
Cette violence a été permise puis couverte par la com du gouvernement qui protège ceux qui détruisent la planète et criminalise celles et ceux qui la défendent en les traitant d’« écoterroristes ». En France, « terroriste » a été utilisé pour qualifier des personnes extrêmement différentes : contre les anarchistes pendant longtemps, puis par les nazis et Vichy pour criminaliser la Résistance, ensuite contre l’islamisme radical politique et armé, contre les Gilets jaunes et à présent contre l’activisme écolo.
Les mots n’ont plus de sens, mais leur objectif est clair : désigner des groupes comme relevant de la criminalité. L’opinion publique est alors décisive car elle permet d’accélérer ce processus ou de l’empêcher. Manque de bol pour le pouvoir, ces mouvements bénéficient d’une forte légitimité. La conscience qu’un changement radical est de plus en plus pressant en termes de survie pour une large partie de l’humanité à l’échelle de quelques décennies motive ce type d’activisme. Et il marche, la manif contre les mégabassines a tenu l’actualité plusieurs jours, le souillage dans les musées est à la une depuis plusieurs semaines. Des exemples rares ces dernières années. Cela doit nous interroger face à d’autres mouvements ou actions qui parfois ne dépassent pas la presse militante. Non pas pour abandonner d’autres pratiques, mais pour les enrichir.
Des lendemains vert et rouge ? Débat et actions
Pour le moment, nos mouvements sont encore trop faibles numériquement, sans relais véritables dans les entreprises, les syndicats (sauf une partie de la paysannerie), les quartiers populaires.
Cette jonction est décisive pour augmenter l’impact de ces combats, pour éviter l’isolement face au pouvoir. Le débat sur les formes et les objectifs des mobilisations environnementales est une nécessité. Il s’agit de renforcer l’unité du mouvement, de choisir les actions les plus efficaces, de résister aux intimidations du pouvoir.