Suite à plusieurs dizaines de cas de salmonellose chez des bébés de moins de six mois ayant consommé des laits infantiles Lactalis et après de multiples rebondissements, le ministère de l’Économie et des Finances impose au groupe laitier le retrait et le rappel de l’ensemble de la production de l’usine de Craon, dans la Mayenne.
Lactalis se présente comme « leader mondial des produits laitiers ». Les volumes concernés par le retrait (douze millions de boîtes dans 83 pays) sont à cette (dé)mesure.
Lactalis : « exemple » des pratiques de l’agro-industrie
C’est la rançon de la production alimentaire à l’échelle industrielle. Car à l’inverse de toute la propagande hygiéniste, qui nous présente l’industrialisation comme un gage de sécurité, l’agro-industrie génère ses propres problèmes sanitaires et surtout les porte à des échelles toujours plus importantes. Œufs contaminés au fipronil, lasagnes à la viande de cheval, poulets à la dioxine ou huile de colza frelatée... Les nombreuses crises sanitaires témoignent aussi de l’opacité des circuits voire même de fraude délibérée.
La grande distribution coupable, l’État complice
Le scandale s’étend aux grands groupes capitalistes de la distribution. Leclerc, Carrefour, Auchan, Système U , Monoprix, Cora qui reconnaissent avoir vendu des produits interdits. Tous ces groupes qui ne manquent jamais de vanter le sérieux de leurs procédures, normes, chartes qualité... et autres systèmes de contrôle n’agissent que contraints et forcés.
Le porte-parole du gouvernement peut se gargariser (« L’État a été pleinement dans son rôle »), Bruno Lemaire peut se vanter des 2 500 contrôles effectués et en annoncer autant à venir... Il n’en reste pas moins que la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) a manqué de moyens au plus fort de la crise.
Au-delà de l’affaire...
L’affaire Lactalis met à nu le fonctionnement de ce système de production et de distribution, une industrie obéissant aux règles capitalistes de la rentabilité, de la concurrence et du profit, au mépris de la santé. Elle démontre l’escroquerie des soi-disant systèmes d’auto-contrôle interne qui laissent la sécurité sanitaire aux mains des directions d’entreprise. Elle met aussi en évidence la responsabilité des politiques d’austérité qui ne cessent de diminuer les moyens de contrôle des entreprises, qu’il s’agisse de ceux de l’inspection du travail ou de ceux de la DGCCRF.
L’alimentation est une question éminemment politique, centrale pour la santé, la lutte contre le changement climatique, la préservation de la biodiversité, les conditions de vie et de travail des paysanEs et des salariéEs. La rupture avec le système agro-industriel et la construction d’une agriculture paysanne, biologique, de circuits courts de transformation et de distribution constituent la seule issue réaliste.
Commission nationale écologie