Le sommet climat de Bonn, qui s’est tenu de 5 au 15 juin, a ressemblé à une fiction imaginée par les activistes du climat pour dénoncer l’inaction coupable des COP, leur incapacité à s’attaquer un tant soit peu aux énergies fossiles. C’est pourtant la sinistre réalité.
La COP28 se tiendra à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre et elle sera présidée par… un magnat du pétrole. Dans ce rôle, le Sultan Al Jaber, PDG de la compagnie nationale pétrolière Abu Dhabi National Oil Company (Adnoc) et ministre de l’Industrie des Émirats arabes unis.
600 milliards par an pour le pétrole
Il annonce clairement la couleur et elle est noire comme le brut qui sort de ses puits. Il revendique une « une approche pragmatique, réaliste et axée sur les solutions, qui permet de réaliser des progrès transformateurs pour le climat et une croissance économique à faible émission de carbone ». Précédemment il affirmait « Les politiques visant à se désengager des hydrocarbures trop tôt, sans alternatives viables adéquates, sont vouées à l’échec ». Ses « alternatives », derrière un zeste de renouvelables, sont le nucléaire et la capture séquestration du carbone. Pour ne pas prendre le risque de se désinvestir « trop tôt » (!), il prône d’« investir 600 milliards de dollars tous les ans dans le pétrole jusqu’en 2030, pour satisfaire la demande énergétique mondiale ».
Comme l’illustre un porte-parole du Réseau Action Climat « c’est comme si vous confiiez au patron des cigarettes Philip Morris la tâche d’organiser la fin du tabagisme dans le monde ».
Il n’y a strictement rien de bon à attendre de cette vingt-huitième COP. La précédente qui se tenait en Égypte avait tout juste réussi à inviter les gouvernements « à accélérer l’adoption de politiques de transition vers des systèmes d’énergie à faibles émissions », notamment en intensifiant leurs efforts « pour supprimer progressivement les subventions inefficaces aux combustibles fossiles ».
Aucun engagement contraignant
Six mois plus tard, à l’occasion du sommet climat de l’ONU, préparatoire à la COP, qui se tenait à Bonn du 5 au 15 juin, les énergies fossiles sont toujours un tabou malgré les constatations sans appel et recommandations impérieuses des scientifiques du GIEC, et malgré les protestations des ONG. Les pays de l’Union européenne ou du G7 qui multiplient les déclarations de bonnes intentions et affirment vouloir sortir des fossiles refusent toujours tout engagement contraignant et toute échéance.
Au même moment, les nouvelles du climat sont de plus en plus alarmantes. Les forêts boréales sont en feu. Les océans, ces importants régulateurs du climat, voient leur température moyenne de surface s’envoler — l’Atlantique n’a jamais été aussi chaud à ce moment de l’année — avec de lourdes menaces d’ouragans dévastateurs. Les sécheresses graves s’amplifient… L’inaction climatique est, comme l’a affirmé Greta Thunberg, « une condamnation à mort pour d’innombrables personnes vivant en première ligne de la crise climatique ».
Face à ces criminels climatiques, il est plus que temps de se soulever !