Créé en 2002 après la catastrophe de Tchernobyl, l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), organisme public de droit privé, est le bras technique de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire), le gendarme du nucléaire. Ses 1 750 salariéEs assurent le contrôle technique des 200 installations nucléaires en France.
Pourtant l’ex-banquier d’affaires Macron n’est sensible qu’au risque financier, pas au risque nucléaire. Aussi, en annonçant fin 2022 un programme nucléaire « à marche forcée », il n’avait que deux idées en tête : les coûts et les délais. Pour financer 6 nouveaux réacteurs EPR, il veut ponctionner 60 milliards d’euros sur les livrets A. Et, pour « fluidifier les processus d’examen », le 3 février un « Conseil de politique nucléaire » a dissous l’IRSN, qui sera démantelé et placé sous la coupe de l’ASN, du CEA (Commissariat à l’énergie atomique) et du délégué à la sûreté nucléaire de défense.
Il serait inexact de dire que l’IRSN est 100 % indépendant. Cependant sa suppression va étouffer tous les problèmes révélés par ses expertises techniques, aggravant ainsi les risques d’accident nucléaire. Notamment deux défauts majeurs de conception de la cuve de l’EPR de Flamanville, qui menacent sa mise en service et, au-delà, celle des 6 EPR. Une pétition, signée par la quasi-totalité du personnel IRSN, a atteint 5 000 signatures. Le 16 février, le CA de l’IRSN a voté une motion d’alerte sur les risques de « paralysie de la sûreté nucléaire ». Et le 20 février, la grève appelée par l’intersyndicale à majorité CGT a été largement suivie.