À première vue, le développement du train (ici une ligne à grande vitesse entre Lyon et Turin) pourrait paraître une bonne idée pour limiter le « tout camion » dans un contexte d’urgence climatique. Mais la réalité est tout autre… Revenons sur quelques arguments et préparons la mobilisation des 17 et 18 juin !
Tout d’abord, l’investissement nécessaire approche les 40 milliards d’euros, financés notamment par la SNCF et l’État. Mais une fois les travaux accomplis, l’installation sera donnée au privé qui en récoltera les profits ! Or cet investissement colossal, dont les coûts sont socialisés et les profits privatisés, se fait au détriment d’autres, nécessaires pour l’amélioration des lignes existantes, la sécurité des voyageurEs, le développement de lignes utiles, l’entretien des infrastructures et des services publics, en France comme en Italie.
Des solutions moins chères et moins nuisibles
Pour améliorer le transport de marchandises en train dans cette région, d’autres solutions existent, plus immédiates et moins chères. Mais pour nous vendre le projet, ses promoteurs n’hésitent pas à déformer les faits, voire à mentir : ils surestiment le gain qu’apporterait cette ligne à la fois en marchandises transportées et en temps gagné et organisent la sous-exploitation de la ligne actuelle.
Du point de vue écologique, le chantier lui-même produirait une pollution importante notamment en émissions de CO2. Outre l’artificialisation du sol et l’accaparement des terres agricoles, la mise en œuvre du projet aurait des conséquences dramatiques sur la biodiversité, et perturberait de manière irréversible la circulation de l’eau de montagne. Sur cette question de l’eau qui devient extrêmement sensible, le projet ne respecte même pas les directives européennes, et des zones sont déjà impactées par la crise hydrique !
Transporter moins et décider ce qu’il est indispensable de produire
Fondamentalement, ce projet s’inscrit dans la logique des grands projets productivistes de la fin du 20e siècle comme l’était celui de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Il s’agit de transporter toujours plus de marchandises, alors qu’il est urgent de transporter moins et de poser les questions de ce qui est utile ou pas, de ce qu’il faut produire et de la manière de le produire en favorisant les circuits courts. Le Lyon-Turin est le symbole de la société capitaliste fondée sur la surconsommation et l’accélération alors que, comme le dit l’écrivain italien Erri de Luca, « la modernité, ce n’est pas d’aller plus vite mais d’avancer de manière consciente ».
La mobilisation contre ce grand projet inutile dure depuis trente ans, en particulier du côté italien. Des collectifs locaux existent aussi côté français. Ils appellent à la prochaine échéance de mobilisation les 17-18 juin avec Sud Rail et la Confédération paysanne. L’appel a été repris par les Soulèvements de la Terre ce qui lui donne un écho plus important qu’initialement.
Cette mobilisation se place dans la lignée de celle de Sainte-Soline ou de celles contre les autoroutes Toulouse-Castres et à l’Est de Rouen, mais aussi de celles contre les ZFE ou les extensions industrielles qui prennent sur les terres agricoles et les ressources en eau, polluent et accélèrent le réchauffement climatique. Il s’agit de dénoncer les mécanismes financiers et politiques qui sous-tendent ces projets au détriment de véritables choix écologiques, sociaux et démocratiques.
L’enjeu de la mobilisation dépasse la seule question du Lyon-Turin. L’accélération de la crise climatique rend les choix en termes de transports cruciaux. La mobilisation de Notre-Dame-des-Landes l’a prouvé : il est possible de gagner contre l’État, les géants capitalistes du BTP et des transports. Alors les 17 et 18 juin, touTEs en Maurienne contre le Lyon-Turin !